Élections américaines : la règle des grands électeurs

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Le système d'élections américain adopte, contrairement à la France, le suffrage universel indirect, dicté par la Constitution depuis 1804. ©Canva

Ce 3 novembre, se tiennent aux États-Unis les élections présidentielles opposant Donald Trump à Joe Biden. Mais cette élection est indirecte. Les citoyens votent en réalité pour des « grands électeurs » qui iront ensuite élire le Président.

Aujourd’hui aux États-Unis, on élit le Président. Enfin pas tout à fait. Les Américains appelés aux urnes ne votent pas directement pour le démocrate Joe Biden ou le républicain Donald Trump lors de ces élections mais pour des grands électeurs (« elector », en anglais). Au nombre de 538, ils composent le « collège électoral » mandaté pour désigner le Président le 14 décembre prochain. 270 sont nécessaires pour élire le futur locataire de la Maison Blanche.

C’est quoi un grand électeur ?

Les partis désignent des grands électeurs. Les citoyens votent pour ces intermédiaires dont la charge sera ensuite de désigner le Président. Tout le monde peut l’être, ou presque. « Aucun sénateur ou représentant, ni aucune personne tenant des États-Unis une charge de confiance ou de profit, ne pourra être nommé électeur », stipule l’alinéa 2 de l’article II de la Constitution américaine. Les partis désignent, en général, des responsables locaux pour les représenter.

Ils sont 538 au total, donc 270 sont nécessaires pour être élu. Chaque État en possède au moins trois car les plus petits d’entre eux, dès les Pères Fondateurs en 1787, craignaient de perdre en influence avec un suffrage universel direct. Le reste de la répartition est proportionnel à la population des États. Par exemple, la Californie (39 millions d’habitants) compte 55 electors contre trois pour le Montana (un million d’habitants).

Comment fonctionne ce système électoral ?

À l’exception du Maine et du Nebraska, les États américains appliquent la règle du « winner takes all » lors des élections présidentielles. Le candidat en tête des suffrages dans un État récupère tout le collège électoral en jeu : une voix de plus que son adversaire suffit pour envoyer tous les représentants du candidat au sein du collège électoral. Ainsi, en 2016, Donald Trump a récupéré la totalité des 16 grands électeurs du Michigan alors qu’il n’a devancé Hillary Clinton que de 11 000 votes (pour 4,5 millions de votants).

Les electors sont donc plus importants que le nombre de suffrages. Le candidat républicain avait deux millions de votes de moins que sa rivale démocrate en 2016, mais a été élu grâce à ce système électoral.

Un grand électeur peut-il voter contre le choix de son État ?

Les partis désignent leurs représentants donc un vote contre est une chose rare. Mais cela est déjà arrivé, notamment en 2000 et 2016. Le cours des élections n’a jamais été modifié par ces « trahisons » mais dans un scrutin attendu comme étant très serré, il sera donc important pour chaque parti de bien les avoir choisis avant ce 3 novembre.

Trente-trois États ont tout de même décidé d’obliger légalement le respect du vote afin d’éviter les « faithless elector » (grand électeur déloyal). Des lois en vigueur peuvent annuler le vote, désigner un remplaçant ou encore infliger une amende au contrevenant.