Joker, Scream, Dexter : la fiction inspire des actes criminels

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John Hinckley (en haut à gauche), Kyle Shaw (en bas à gauche), Stephen W. Doran (en haut à droite) et Mark Twitchell (en bas à droite) ont commis des crimes inspirés par des fictions (Ipiccy).

Entre la fiction et la réalité, il n’y a qu’un pas. Fascinés par un film ou une série, des individus ont franchi la ligne rouge et ont commis l’irréparable. Revenons ensemble sur sept crimes inspirés d’œuvres purement fictives.

Au soir d’Halloween, un Japonais déguisé en Joker poignarde dix-sept personnes dans une des rames du métro de Tokyo. Rapidement interpellé, le criminel de 24 ans livre aux policiers: «J’admire le Joker. Je me suis mis sur mon trente-et-un». Un acte sordide qui fait référence à l’atrocité de l’ennemi numéro un de Batman. Ce copycat est loin d’être un cas isolé.

La première règle du Fight Club

Le 25 mai 2009, un incendie criminel se déclare dans un des nombreux Starbucks de New-York. À l’origine de cet acte, Kyle Shaw, un adolescent âgé de 17 ans. Interrogé par la police, le jeune homme déclare s’être inspiré du film Fight Club. Dans ce long-métrage, son réalisateur David Fincher dénonce les méfaits de la société de consommation. Le Starbucks y est ciblé à plusieurs reprises. En plus de cet incendie criminel, Kyle Shaw avoue avoir créé son propre club de combat clandestin. Des bagarres sont organisées un peu partout dans les rues de New-York.

Le double d’Heisenberg

En 2014, Stephen W. Doran est arrêté par la police américaine en possession de drogue et de 10.000 euros en espèce. Ancien représentant de l’État de Lexington, ce quinquagénaire est atteint d’un cancer de stade 3. Durant ses premières chimiothérapies, il découvre Breaking Bad. L’homme de 58 ans avoue au juge que la série américaine a agi comme un déclic dans son esprit.
Du jour au lendemain, il se lance dans la production de méthamphétamine dans le but de payer ses factures d’hospitalisation et de soulager financièrement sa famille. À l’inverse du personnage fictif de Walter White alias Heisenberg , Stephen W. Doran consomme son propre produit et enchaîne les erreurs. Cela lui coûte son arrestation et trois ans d’emprisonnement.

Dexter: un fanatique minutieux

Fin 2008 aux États-Unis, Mark Twitchell est arrêté pour le meurtre d’un homme. Lorsque les policiers arrivent sur place, le lieu du crime possède une disposition similaire à une célèbre série américaine: un garage totalement bâché avec une grande table d’opération au centre de la pièce.
Lors du procès du meurtrier, les enquêteurs exposent plusieurs similitudes entre Mark Twitchell et Dexter Morgan, protagoniste de la série Dexter. Le tueur déniche sa victime sur un site de rencontre en se faisant passer pour une femme et il la tue avec le même mode opératoire que le personnage fictif. Au cours de ses interrogatoires, l’homme de 29 ans n’avouera jamais s’être inspiré de Dexter Morgan. Pourtant, une fois incarcéré, il fait une demande invraisemblable: avoir une télévision et un lecteur DVD pour continuer de suivre la série américaine…

Le Ghostface du diable

Cette fois-ci en France et plus précisément à Nantes, le personnage fictif emblématique de Scream est au cœur d’un fait divers sordide. Doté de gants noirs et d’un masque à l’effigie du protagoniste horrifique, un adolescent assène plusieurs coups de couteau mortels à une jeune fille de 15 ans. Après quelques minutes d’interrogatoire, le jeune homme avoue avoir été inspiré par les actes commis dans le film d’horreur de Wes Craven: «J’avais l’obsession de vivre ce que vivaient les héros de Scream, j’avais envie de tuer comme lui». Terrifiant.

N’est pas bon braqueur qui veut

Le 14 février 2012, trois braqueurs s’attaquent à un établissement bancaire du Queens, à New-York. Ce braquage ressemble de A à Z à celui que l’on retrouve dans le film The Town. Similairement au long-métrage de Ben Affleck, les trois criminels se munissent de masques en silicone crées par une société de maquillage. Ils se déguisent aussi en policier et aspergent l’établissement d’eau de javel pour effacer toutes les traces de leur passage. Cependant, contrairement au film américain, les multiples erreurs des braqueurs les mènent à leur arrestation.

Une vampirisation excessive

En 1994, Daniel Sterling emmène sa petite copine au cinéma voir Entretien avec un vampire. Dans la nuit qui suit, Lisa Stellwagen est réveillée en pleine nuit par son mari. Ce dernier lui confie: «Je vais te tuer et boire ton sang». Croyant à une blague, la jeune femme se rendort sans sourciller. Le lendemain, l’homme de 25 ans surprend et poignarde sa femme à sept reprises. Secourue rapidement, la victime survit à ses blessures. Lors de son procès, Daniel Sterling avoue au juge avoir admiré le long métrage de Neil Jordan et que son crime était «influencé par le film».

Une obsession amoureuse malsaine

Le 30 mars 1981, le président des États-Unis, Ronald Reagan est victime d’une tentative d’assassinat lors d’une allocution à Washington. À l’origine de cette fusillade, John Hinckley, un jeune homme obsédé par le film Taxi Driver (il ira même le voir 15 fois au cinéma). Il modèle certains aspects de la vie du protagoniste joué par Robert De Niro.
Par la même occasion, il développe une fascination pour l’actrice Jodie Foster. Le criminel n’hésite pas à glisser des lettres sous sa porte et l’appeler plusieurs fois par semaine. Sans réponse, John Hinckley tente d’impressionner celle qui l’obsède. Comme dans le long-métrage de Martin Scorcèse, le jeune américain projette de tuer un homme politique mais à l’inverse du film, le criminel parvient à tirer sur sa cible sans succès.

Ce travail a fait l’objet d’une double vérification juridique et éditoriale par Léna Peguet *

Erwan Gendry