La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur : l’opus de trop ?

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Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur est sorti dans les cinémas français le 15 novembre dernier. © Allociné

Francis Lawrence s’attaque au préquel consacré aux origines de celui qui deviendra le Président Snow… six décennies avant la génération de Katniss Everdeen. Fan service* ou réel intérêt pour la saga ? La frontière est fine.

Francis Lawrence est pour la quatrième fois le réalisateur d’un opus de la saga Hunger Games. Et pour la quatrième fois, celui qui n’a aucun lien de parenté avec Jennifer Lawrence ne convainc pas derrière la caméra. Rien de désastreux, mais pas de quoi s’extasier. C’est fade. Heureusement, le film a d’autres qualités et le spectateur s’attarde sur autre chose que le manque de saveurs derrière la caméra. À commencer par le duo en tête d’affiche. Le Britannique Tom Blyth interprète Coriolanus Snow, encore étudiant au Capitole, qui n’a qu’une idée en tête : devenir le Président de Panem. Comme son défunt père avant lui. De son côté, Rachel Zegler est Lucy Gray Baird, la pestiférée du District 12, aux tenues extravagantes et à la voix envoûtante. Car Lucy Gray chante. Et même si le titre du film porte le nom de « ballade », on frôle parfois le showcase de l’actrice. Toujours est-il que le manque d’expérience hollywoodienne des deux artistes ne se ressent pas. Au contraire : leur alchimie et leur complicité ne sont pas forcées et donnent de la profondeur à leurs personnages.

Une mention spéciale pour Viola Davis, glaçante dans le rôle de Volumnia Gaul, Haute Juge au Ministère de la Guerre. Et ce n’est pas dû qu’à l’œil gauche turquoise qu’elle arbore pour les besoins de son personnage. Sa voix naturellement grave impose le respect et prolonge la soif de pouvoir et le mépris envers les districts de son personnage.

Sur les 2h30 que dure ce préquel d’Hunger Games, aucune pause n’est accordée au spectateur. Des ellipses interviennent régulièrement et permettent, sans se perdre en cours de route, de ne pas tourner autour du pot. Car Corolianus Snow ne chôme pas. Et le moindre lieu où il se rend révèle ô combien les équipes artistiques du film ont rendu une copie parfaite. Les décors, les costumes et l’esthétisme général du film offrent une très bonne immersion dans les couloirs de l’Académie du Capitole, jusqu’aux rues délabrées du District 12.

Avis aux fans d’Hunger Games : ce cinquième opus est important et vous y trouverez (presque) toutes les réponses que vous cherchez. Vous pourrez sauter de vos sièges en découvrant références et parallèles disséminés plus ou moins subtilement tout au long du scénario. Vous pourrez élaborer vos plus folles théories sur cette fin on ne peut plus mystérieuse. Et surtout, personne ne vous en voudra d’avoir ressenti autre chose que du mépris envers celui qui deviendra un personnage sans pitié, et qui fera vivre un enfer aux habitants des Districts.

Pour les non-initiés, pas de panique : si le nom de Katniss Everdeen ne vous évoque rien, La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur n’en reste pas moins un très bon film d’action. Et le long métrage parfait pour vous faire découvrir l’univers imaginé en premier par Suzanne Collins.

Gardez tout de même à l’esprit que la neige tombe toujours au sommet.

*Le « fan service », littéralement traduit par « service aux fans » consiste au cinéma à entretenir la flamme de certains passionnés pour une œuvre. En proposant de nouveaux opus des années après le dernier, ou en faisant intervenir sous forme de « caméo » des personnages dans un film qui ne leur est pas consacré.

Mylène Dufour