La poésie pneumatique enchante petits et grands

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Les enfants sont invités à s'essayer à la sculpture de ballons. ©Margherita Bassi

À Nice, le magicien Nicolas Stutzmann éveille les plus petits à la culture et à la curiosité à travers des tours de magie et la manipulation de ballons. 

« Magicien, peux-tu faire disparaître la pollution ? ». La question est posée à Nicolas Stutzmann, magicien, poète, et sculpteur de ballons professionnel, par un enfant invité sur scène. Le spectacle, qui s’est déroulé du 25 octobre au 4 novembre dans les bibliothèques, théâtres, et salles d’activités niçoises, commence sous un air mystique : les lumières s’éteignent et la salle se laisse envoûter par une musique magique. Un homme grand et maigre entre sur scène et les enfants, assis aux deux premiers rangs, le regardent avec des yeux étonnés.

La première histoire que Nicolas raconte à ses jeunes spectateurs concerne des déchets qu’il a trouvés à l’extérieur d’un magasin. Le magicien invite immédiatement les enfants à le rejoindre sur scène. Il donne à l’un des participants un chewing-gum qu’il lui demande par la suite de cracher dans un morceau de plastique, le « déchet » dont l’artiste parlait. Sous les éclats de rire des autres spectateurs l’enfant fait ce qu’on lui dit. Celui-ci demande alors à Nicolas s’il peut faire disparaître la pollution : une question avec des implications beaucoup plus importantes pour les mères assises au fond de la salle que pour ses petits copains. Le magicien n’a pas besoin de répondre. Il serre son poing autour du plastique, et quand quelques secondes plus tard il rouvre sa main, l’objet a disparu.

Un spectacle pour petits et grands

C’est ainsi que Nicolas rythme son spectacle de poésie pneumatique : 40 minutes de tours de magie, de jeux de mots, de rimes, et bien sûr de ballons. Un événement annoncé pour les personnes de tous âges. Le magicien prend un grand plaisir à inclure aussi bien adultes qu’enfants, en s’exprimant de manière sérieuse et en les vouvoyant. « Ça marche, explique le magicien, les enfants regardent les adultes rigoler, et les adultes regardent leurs enfants rigoler ».

Les ballons aussi offrent un divertissement visuel constant, même pour les plus jeunes enfants qui ne comprennent pas les blagues. Nicolas les sculpte en forme de fleurs, d’étoile, de moto, de bague, et il crée finalement son célèbre chien ballon. À la fin du spectacle, un atelier où les enfants ont pu tester leur créativité et sculpter leur propre ballon, a été organisé.    

S’émerveiller loin des écrans

L’objectif de Nicolas : aider les enfants à apprendre les mots, la culture et surtout les rendre curieux. Dans un monde aussi connecté, où les enfants de trois ans savent déjà utiliser une tablette et les adolescents parcourent les réseaux sociaux pendant des heures, cet événement mis en place par le magicien est le bienvenu. C’est en réalité la commercialisation des téléphones portables, il y a une quarantaine d’années, qui a poussé Nicolas à quitter ses spectacles de rue pour se concentrer sur des contrats à plus long terme. Les gens sont devenus inattentifs et ils pouvaient même prendre des vidéos de ses spectacles et les publier en ligne, gratuitement. Il a commencé à gagner moitié moins de revenus. Après avoir été artiste de rue pendant 15 ans, Nicolas est ainsi devenu intermittent du spectacle en 2011. Maintenant, entre ses contrats, il performe dans des hôpitaux pour enfants gravement malades. « C’est devenu la partie la plus gratifiante de mon travail. Ça donne du sens à mes spectacles », confie-t-il.

Margherita Bassi

*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Lucie Guerra*