Yann Ehrlacher, champion du monde de précocité

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Yann Ehrlacher
Yann Ehrlacher devient le plus jeune pilote sacré champion du monde en voiture de Tourisme. ©Cyan Racing

La deuxième édition du e-trophée Andros débute ce vendredi 18 décembre en Andorre. Yann Ehrlacher, récent champion du Monde en WTCR sera de la partie. Vainqueur de la manche d’ouverture la saison dernière, le Français a de quoi nourrir de belles ambitions. Découverte de la révélation de cette année 2020.

Avant lui, seuls Sebastian Vettel (23 ans), Lewis Hamilton (23 ans) et Fernando Alonso (24 ans), excusé du peu, avaient réussi l’exploit. Celui de devenir champion du monde en sport automobile si jeune. À 24 ans, le Français Yann Ehrlacher est entré dans la cour des grands : « c’est un aboutissement. Quand tu es sportif et que tu travailles pour un objectif, le plus grand c’est d’être champion du monde donc forcément, c’est une réussite ».

Pourtant, l’Alsacien s’est lancé très tard dans le sport automobile. « J’ai commencé à 16 ans. C’est un sport compliqué. Mes parents ont évité que je débute trop tôt », explique t-il. D’abord, il fait ses gammes aux côtés de son oncle, Yann Muller, quadruple champion du monde des voitures de tourisme. « Un jour, il m’a inscrit sur une course. Il l’a presque fait sans que ma mère le sache, car elle n’était pas trop d’accord. Force est de constater que ça s’est bien passé malgré le fait que je n’avais aucune connaissance dans le domaine. Alors on a continué ».

Son Bac S en poche, l’une des conditions émises par ses parents pour poursuivre dans le sport automobile, Yann continue ses études avec un DUT Génie mécanique. Finalement, après un semestre, il décide se concentrer sur son sport et arrête les études. Il rejoint son oncle dans la Nièvre à Magny-Cours. « Mon oncle était à l’apogée de sa carrière lorsque j’étais plus jeune. Ma maman, aussi pilote, m’expliquait chaque détail lors de ses courses qu’on visionnait à la télévision », se souvient le blondinet. Très vite, Yann remporte ses premières courses. Dès son premier championnat de France de mitjets (petites voitures aux moteurs de moto), il remporte le titre grâce à ses six victoires en course.

L’année suivante, il passe en catégorie 2 et gagne de nouveau le titre avec le Yvan Müller Racing, le team de son oncle. Après trois années d’apprentissage, le jeune pilote se lance en WTCR, le championnat des voitures de tourisme. « L’une des trois catégories de sport automobile avec la Formule 1 et les voitures d’endurance », glisse Yann.

Champion du monde devant son oncle

« Ce n’est jamais arrivé dans n’importe quel sport au niveau mondial que deux personnes de la même famille mais pas de la même génération finissent sur le podium ». Yann Ehrlacher avait de quoi laisser éclater sa fierté une semaine après son titre. Un titre qui le fait rentrer dans l’histoire avec son oncle. « Yvan m’a énormément apporté grâce à son expérience. Je suis certain que sans lui, il m’aurait fallu peut être 10 ans encore pour être titré », reconnaît le pilote de Cyan Racing Lynk & Co.

Bien que le championnat n’ait débuté qu’en septembre pour cause de Covid-19, Yann a été devant tout au long de la compétition. « En début de saison, tu ne calcules pas trop mais tu espères le faire. Puis au fil des courses tu y crois. Je savais que j’avais passé un cap dans la régularité. J’étais davantage prêt à être titré, explique celui qui a profité du confinement pour se focaliser sur sa préparation mentale. Elle est primordiale. Pour moi, être pilote, c’est 50% de mental, 10% de condition physique et 40% de talent ».

Malgré une avant-dernière course sur le circuit d’Aragon en Espagne où il perd quelques points sur son principal rival, Esteban Guerrieri, il valide son titre la semaine d’après de nouveau à Aragon. L’Argentin ayant terminé 18e des qualifications, il avait la course quasiment gagnée. Pour clouer le spectacle, son oncle Yvan Muller vient prendre la deuxième place au classement général, validant par la même occasion le titre par équipe. « Avant que je commence, Yvan était au bord de la retraite et il est encore là. Il m’a tout appris », reconnaît celui qui en dehors des courses fait du vélo. Il participe d’ailleurs au moins à un triathlon chaque année.

Avant de se lancer dans le sport automobile, Yann Ehrlacher a essayé le football, puis le tennis. Sans trouver chaussure à son pied. « Je n’étais vraiment pas bon au foot, se souvient-il. Je regardais très peu les matches à la télévision, ça me soûlait plus qu’autre chose. Je regardais parce que mes amis le faisaient ».

Né d’une mère pilote et d’un père footballeur

Yann Ehrlacher vit dans une famille de champions. Son père, Yves Ehrlacher, s’est tourné vers le ballon rond. Il était footballeur professionnel et a disputé plus de 150 matches en première division. Il obtient d’ailleurs le titre de champion de France en 1979 avec Strasbourg ; deux ans après l’avoir obtenu en deuxième division sous ses mêmes couleurs. « Il m’a inculqué le football mais ce n’était pas mon truc », glisse-t-il.

C’est alors sa maman Cathy, qui lui raconte le sport auto bien qu’elle ait arrêté de piloter à la naissance de son fils. Un sport dont il aimerait aujourd’hui mettre un peu plus sur le devant de la scène. « Il y a parfois un mauvais regard à cause du côté non écologique. Évidemment, la tendance est de passer à l’électrique mais il y a des limites. Malheureusement, ce n’est pas le soleil qui va charger les batteries. Mais, honnêtement en matière de pilotage, rouler en électrique, ça nous change rien », avoue-t-il.

Yann Ehrlacher retrouvera d’ailleurs ce week-end (19 et 20 décembre) la compétition à bord d’une voiture électrique. Le Français, plus que jamais favori pour la première place, espère poursuivre son rêve d’enfant, toujours suivi de près par sa famille.