La chasse, cette « guerre menée contre les animaux sauvages »

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Ce samedi 12 décembre, plusieurs personnes se sont rassemblées place Masséna à Nice, pour lutter contre la pratique de la chasse En France. ©Tristan Gasparro

Selon un récent sondage Ifop, près de deux tiers des Français soutiennent la lutte pour le bien-être animal, une des causes qui a le plus fédéré en 2020. À l’occasion d’une manifestation anti-chasse organisée à Nice ce samedi 12 décembre, nous avons échangé avec Michèle Durieux, coprésidente du Collectif Animalier du 06, qui œuvre depuis huit ans pour la cause animale.

Quelles sont les raisons de votre combat ?

Depuis très longtemps, je pense qu’on est face à une société qui a un rapport extrêmement destructeur avec la nature et les espèces animales. Il faut essayer de contrecarrer cette malheureuse tendance, cette pulsion de mort si on peut dire, et d’acharnement sur les plus fragiles.

Pourquoi avez-vous décidé de manifester contre la chasse ?

Pour nous, c’est une guerre menée contre les animaux sauvages avec des armes terriblement puissantes. Il y a toute une population qui ne réfléchit pas aux conséquences et transforme la nature en terrain de jeu pour des tueries.

Selon vous, la conscience des Français a-t-elle évolué vis-à-vis du bien-être animal ?

Je pense que oui. Il y a très souvent des personnes qui se sentent de plus en plus concernées, en diminuant leur consommation de viande par exemple. Il y a une prise de conscience collective de la préservation de la vie sauvage. Vous savez, c’est comme pour tout : il y a des gens qui vont s’intéresser d’eux-mêmes à la souffrance d’autrui qu’elles soient humaines ou animales, et d’autres qui vont être assez imperméables jusqu’au moment où quelque chose va se passer. Un événement déclencheur qui les fera basculer leur état d’esprit.

Trouvez-vous cela normal que la pratique de la chasse soit autorisée durant le confinement* ?

Je le déplore. C’est encore une injustice et un signe de l’emprise des chasseurs. Que ce soit avec les lobbys, les fédérations de chasseurs, qui considèrent que tout cela leur appartient. Tout doit correspondre à leurs envies. C’est pour cette raison qu’ils ont l’autorisation de chasser du gibier, de faire croiser des sangliers avec des cochons pour qu’ils soient plus prolifiques.

Interdire tout simplement la chasse est la solution selon vous ?

Les chasseurs créent des problèmes où il n’y en a pas, en faisant de l’ingérence sur la nature. Cela ne s’arrangera jamais comme ça. On arrive à des cas extrêmes où des promeneurs pacifistes se retrouvent exclus de la forêt alors que les gens armés continuent à mener leurs actions de chasse.

Un loup du Parc Alpha a récemment été abattu illégalement. Vous attendiez-vous à ce genre d’événements, notamment avec les dérogations pour la chasse ?

Oui, c’était prévisible à partir du moment où l’État donne des dérogations pour tuer des espèces protégées. C’est une continuité, les chasseurs continuent d’éliminer les grands prédateurs. Ils les considèrent comme des concurrents. À chaque fois que ce sera possible, ils vont tenter de les éliminer. Dans notre région ce sont les loups, dans le nord-est, ce sont les lynx et dans les Pyrénées, les ours. Il faut en sortir et ça requiert une décision ferme du gouvernement. On doit mieux protéger les espèces menacées pour qu’elles ne disparaissent pas. Rien que se balader avec un fusil dans la forêt, ça montre l’intention de tuer. Quand on aura compris cela, on aura déjà compris une grande partie du problème.