Un peu de patience aux urgences

0
2235
entrée des urgences - hôpital Pasteur, Nice crédit : Manon François

Les premiers pas sur un sol en PVC et l’odeur habituelle des hôpitaux ne se font pas sentir. Le méli-mélo de parfums en tout genre empêche de définir une senteur précise. Il est 12h20, la salle d’attente des urgences n’est pas pleine.

Peu de changements

Un homme est recroquevillé sur lui-même, une femme s’appuie sur l’épaule de son compagnon, une autre fixe droit devant elle. Tous, assoient leurs peines sur les sièges en métal froid alignés deux à deux au cœur de la pièce. Dans un léger brouhaha, il est possible de distinguer des soupirs, des mots rassurants mais surtout des appels incessants, le grincement de la porte d’entrée et un signal assourdissant qui autorise l’accès au prochain patient vers l’étape qui suit.

12h37, les visages présents dans la salle n’ont pas changée. Les frottements de pas sur le sol commencent à se faire entendre. Un homme en combinaison kaki laisse transparaître son impatience. Il a d’abord la tête dans les mains puis sans y réfléchir se penche. Il finit par s’avachir sur sa chaise les bras croisés et enfin sur son sac à dos militaire posé à côté. Il semble exaspéré. A peine quelques secondes plus tard, la toux d’un vieillard sonne le début d’un court silence. « J’en ai marre d’avoir mal à la poitrine » dit-il doucement sans que vraiment personne ne s’en rende compte.

Le temps passe, il est 13h06. La petite télévision en coin de mur distrait rapidement ceux qui constatent sa présence. Ce mur sur lequel elle se trouve, est blanc ; vaguement taché et à peine coloré par des formes géométriques dessinées près de l’arrête entre le pan vertical et le plafond. Du bleu, du rouge, du jaune, du vert et de l’orange. Des couleurs vives qui pourtant n’égayent aucunement la salle. Une voie forte, agacée et un ton condescendant attirent l’attention. « Monsieur je ne vais pas vous donner la main pour y aller quand même ! » La déclaration de la secrétaire d’accueil attise la curiosité des patients. Tous commencent à orienter leur regard vers la scène en question.

 L’étape suivante

 13h13, nouveaux bruits, nouveau décor. Un long couloir s’ouvre devant les yeux des patients. Ils doivent alors suivre les flèches de couleur qui leurs correspondent. Bleu, rouge, jaune, vert, orange. Les mêmes couleurs que dans la première salle d’attente et la même impression maussade. Quelques minutes s’écoulent et une jeune fille d’une pâleur extrême rejoint la pièce au bout du corridor. Elle marche doucement et avec précaution. « Mmh c’est sympathique » dit une infirmière qui passe par là d’un air écœuré. Ici, l’ambiance est des moins agréable. Il y a des malades allongés sur des lits, entourés de machines bruyantes. Le contact avec le personnel médical est difficile d’accès. Le médecin se fait attendre. Il y a du mouvement dans tous les sens. Certains patients arpentent les couloirs pour tenter d’accélérer le temps. Le corps médical présent est dispersé et ne sait plus où donner de la tête : « je ne sais même plus ce qu’il a lui ». Tout s’accélère.

Manon François