Le Made in France débarque sur Mars!

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« Jusqu’ici, sur Mars, on n’a littéralement fait que gratter la surface. Avec InSight, ce sera la première fois qu’on étudiera la structure interne » selon Tom Hoffman, chef du projet InSight (Crédits Pixabay.com)

La sonde InSight s’est posée avec succès sur Mars le 26 novembre dernier. Son objectif : étudier la structure interne de la planète rouge. Les recherches vont pouvoir commencer dès l’installation de l’élément principal, le sismomètre. Une
fabrication made in France.

Réaction de Thomas Pesquet sur Twitter lors de l’atterrissage d’InSight (Crédits Twitter)

« Atterrissage confirmé ! ». Tels étaient les mots si attendus par les scientifiques français. Le 26 novembre dernier, la sonde Insight a réussi à atterrir sur le sol ocre de la planète Mars. Une opération qui relève de la prouesse technologique même si « nous avons atterri sur Mars avec succès pour la huitième fois de l’histoire humaine », comme le rappelle Jim Bridenstine, administrateur de la NASA. Pendant près de sept minutes, c’est-à-dire le temps que les signaux reviennent vers la Terre, les employés de l’agence spatiale française ont retenu leur souffle. L’atterrissage ne fait pourtant pas partie de leur mission. Mais à l’intérieur de cette sonde, ils ont placé tous leurs espoirs de recherches, et plus particulièrement le fruit de leur travail. Le sismomètre SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure). Un instrument 100% français absolument indispensable pour la réussite de l’opération sur Mars.

Tweet de NASAInSight 24h avant l’arrivée d’Insight sur Mars (Crédits Twitter)
Tweet de NasaInSight : première photo sur Mars (Crédits Twitter)

Supervisé par le Centre national d’études spatiales, cet appareil a été développé en
partenariat avec l’Institut de Physique du Globe de Paris et SODERN. Son objectif ?
Déterminer la structure interne de la planète rouge. « Jusqu’ici, sur Mars, on n’a littéralement fait que gratter la surface. Avec InSight, ce sera la première fois qu’on étudiera la structure interne », rappelle Tom Hoffman, chef du projet InSight. En effet, les chercheurs ignorent toujours si le noyau de cet astre est solide ou liquide. Le sismomètre leur permettra d’écouter les mouvements tectoniques et d’en apprendre davantage sur la formation de Mars. Mais ces données vont également être une source d’information pour notre propre planète. Bruce Barnerdt, le scientifique en chef de la mission, explique que « Mars est une machine à remonter dans le temps ». Les traces de la formation de la Terre sont inexistantes à cause de l’activité tectonique et sismique. Or, sur l’astre rouge, ces mouvements semblent avoir disparu il y a plus de trois milliards d’années. Si ces informations s’avèrent véridiques, les Français pourraient faire une découverte fondamentale sur la création de notre planète.

Comprendre comment fonctionne un sismomètre (article et vidéo) :

https://www.seis-insight.eu/fr/public/sismologie-planetaire/fonctionement-d-un-sismometre

https://www.youtube.com/watch?v=XT0cgKwhoRE

La France, deuxième puissance aérospatiale mondiale

Seuls les Etats-Unis ont réussi à faire atterrir des robots sur Mars. Les Européens tout comme l’URSS ont vainement essayé. Sans succès. « C’est comme marquer un but à 130 000 km de distance », explique la NASA. Pour autant, la France reste la seconde puissance aérospatiale mondiale, derrière les Etats-Unis, avec un marché de 60 milliards de dollars et 143.000 employés. A défaut de planter un drapeau sur la planète rouge, les scientifiques français ont créé un sismomètre très perfectionné. Non sans obstacle. Philippe Lognonné, à l’origine de SEIS, a travaillé sur l’idée d’un sismomètre martien pendant près de 40 ans. Son premier instrument a été détruit durant le décollage de la fusée Proton lors de la mission russe Mars-96. Son deuxième appareil est resté au stade de projet. Cette série d’échecs a failli se prolonger il y a deux ans à cause d’une fuite sur SEIS.

Mais les chercheurs de l’Hexagone ont su relever le défi selon Philippe Laudet, chef de projet SEIS au CNES : « Il fallait concevoir un instrument capable de résister aux vibrations d’un décollage, au vide spatial et aux températures extrêmes, de supporter un atterrissage et dix jours d’exposition aux conditions martiennes […] Et puis il y a eu le défi humain : concevoir un outil techniquement exigeant dans un temps très court compatible avec une date de tir martienne». Les scientifiques doivent à présent faire preuve de patience car les premières mesures précises de séismes ne seront pas disponibles avant mars 2019.

Pour en savoir plus sur la mission InSight:

https://mars.nasa.gov/insight/

https://insight.cnes.fr/fr/seis-sur-mars