Pets de vache, un vent de colère en Nouvelle-Zélande

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L’économie néo-zélandaise gravite encore autour de l’agriculture ©pexels

Mardi 18 octobre, la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Arden, a annoncé vouloir taxer les pets et rots du bétail. Une déclaration qui a fait grand bruit dans l’archipel. Depuis, éleveurs et agriculteurs protestent dans tout le pays.

Les pets de vaches ne sont plus en odeur de sainteté sur les îles néo-zélandaises. Mardi dernier, les déclarations de la Première ministre Jacinda Arden ont fait grand bruit. D’ici à l’année prochaine, le gouvernement souhaite la signature d’un projet de loi inédit : taxer les pets et rots du bétail de l’archipel. La raison ? Ces derniers émettent des gaz à effet de serre. À titre de comparaison, quotidiennement, une vache produit entre 500 et 1000 litres de méthane tandis qu’un être humain en produit deux seulement. Avec 26 millions de moutons et 6,2 millions de vaches pour uniquement 10 millions d’habitants, ces déjections sont l’un des problèmes environnementaux majeurs du pays. 90 % des émissions de méthane sont produites par les gaz émis par le bétail. Si la loi est adoptée, les agriculteurs et les éleveurs devront payer une taxe sur ce gaz ainsi que sur le dioxyde de carbone présent dans les urines des bêtes.

De l’eau dans le gaz

Les agriculteurs néo-zélandais éructent de colère. Jeudi 20 octobre, à bord de leurs tracteurs et 4×4, les professionnels du secteur sont venus bloquer les axes routiers des principales villes du pays : Auckland, Wellington, Christchurch… Andrew Hoggard, président du lobby Federated Farmers, a déclaré que ce projet « arracherait les tripes des petites villes de Nouvelle-Zélande ». Un communiqué commun de soutien au mouvement protestataire a été signé par les maires des régions reculées de la côte ouest de l’archipel. Les éleveurs devront changer leurs méthodes de travail et l’alimentation des bêtes, s’ils ne souhaitent pas être taxés. Pour Jacinda Arden, c’est un mal pour un bien. Écoresponsable, la viande néo-zélandaise sera encore plus attrayante sur le marché international. La vente à l’étranger rapporte déjà 50 % du chiffre d’affaires des agriculteurs. L’État compte aider les professionnels dans cette transition.

Le gouvernement de centre gauche souhaite réduire les émissions de méthane du pays de 10 % d’ici à 2030. Pour que cette loi voie le jour, l’État promet de réinvestir l’argent gagné grâce aux taxes dans le secteur pour accompagner des pratiques plus propres. À 15 mois des élections, Jacinda Arden se tire peut-être une balle dans le pied. Si des agriculteurs pourraient se rallier à un autre candidat, le vote des écologistes n’est pas pour autant assuré. « Le secteur rural et agricole de ce pays a été durement touché par des inondations, des violentes tempêtes intenses et des sécheresses rien que cette année », a déclaré Emily Bailey de l’organisation Climate Justice Taranaki. « La situation ne fait qu’empirer. Les agriculteurs peuvent, soit s’adapter et réduire rapidement leurs émissions, soit souffrir davantage, comme tout le monde ». Le gouvernement envisage d’instaurer cette loi d’ici à trois ans et est prêt à trouver un compromis.

Yann Bouvier 

*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Meriam Riahi*