Viande de laboratoire, une pratique révolutionnaire

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Une start-up californienne a attiré Bill Gates en tant qu’investisseur. Crédit : DR

Une planète de plus en plus peuplée, une production de viande qui ne cesse d’augmenter…  se pose alors la question du manque de ressources.  « Journée sans viande » « Lundi vert » … les initiatives pour réduire cette consommation sont nombreuses. Et si la viande en laboratoire était la nourriture de demain ?

Une texture plus « spongieuse que pour une poitrine de poulet entière », un gout qui « battrait presque celui d’une variété traditionnelle. » Ce ne sont pas des critiques culinaires habituelles. Mais plutôt les premières impressions d’un journaliste du Wall Street Journal, après avoir dégusté une viande de laboratoire. « Et pour la cuisson ? Saignante ? » Le pionnier dans le milieu est Mark Post avec son « Frankensburger.» En 2013, le scientifique et son équipe mettent six semaines pour confectionner un burger hors du commun, avec un steak qui pesait 142 grammes et coutait 250.000 euros. Malgré une « même texture », ce morceau était artificiel…

Mais comment ça marche ?

Loin des recettes artisanales, c’est un parcours précis et minutieux, que de faire pousser de la viande dans un laboratoire. Le tissu musculaire de la vraie viande doit être imité. Pour cela, un échantillon de muscle est prélevé sur des animaux, grâce à des cellules souches, elles sont ensuite placées dans une solution riche en nutriment pour leur permettre de se multiplier. Le tout doit rester dans un environnement stérile pour éviter les maladies infectieuses. Au bout de trois ou quatre semaines d’incubation, apparaissent alors de véritables cellules animales comestibles.

Lien d’une vidéo d’animation : https://vimeo.com/272116550

Des enjeux environnementaux

Il n’est pas rare d’entendre qu’il est nécessaire de réduire notre consommation de viande. Pour notre santé, mais aussi pour la planète. Cette technique réduirait donc l’impact environnemental de l’élevage traditionnel. A commencer par une diminution des émissions de gaz à effet de serre (aujourd’hui l’élevage des batailles représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre, NDLR) . Une baisse de la consommation d’énergie, et d’eau (pour produire 1Kg de bœuf, il faut compter 1 541 L d’eau.) En comparaison, pour 1Kg de riz il en faut3 400 L. Pour l’industrie de la viande de laboratoire, encore à ses prémices, il est difficile d’avoir des chiffres sur son impact environnemental. Selon des chercheurs de l’université d’Oxford, cette méthode, émettrice de dioxyde de carbone (CO²), laisserait des traces dans l’atmosphère sur le long terme. Cette étude controversée, ne tiendrait pas compte des futures « progrès dans la production d’énergies renouvelables. »

Un risque sanitaire plus faible ?

C’est avant tout un moyen de contourner l’abattage des animaux.Aussi, comparé à l’élevage intensif, souvent générateur d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), ou d’utilisation de produits pharmaceutiques… les entreprises de viandes de laboratoires sont fermes. Didier Toubia, cofondateur d’Aleph Farms (startup installée à Tel-Aviv, NDLR) affirme dans Le Monde : « Chaque étape de production est contrôlée et permet une parfaite traçabilité des produits. » Mais pour éviter le risque de contamination de la viande, lors de la manipulation du produit ou à cause des activités humaines environnantes pendant la fabrication, certains affirment qu’il y a une présence d’antibiotique.

La viande de laboratoire dans nos supermarchés ?

« Les denrées alimentaires issues de cultures cellulaires doivent obtenir une autorisation préalable à leur mise sur le marché », délivrée par la Commission européenne.  Depuis le début des années 2000, de nombreuses startups, dont une en France, l’ont créée et la production coûte des milliards de dollars. Pour qu’elle soit commercialisable le prix doit baisser. Mais les consommateurs ne semblent pour l’instant pas prêts. Et vous ?  

Charlotte Moreno