Sortie du documentaire « Homelessly in Love » : quand le mur tombe, qui regarde qui ?

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Le film a été produit en 2023 par Politie Production. Sa durée est de 1 h 22. Crédit : affiche du film issu du dossier de presse.

Ce mercredi, le documentaire « Homelessly in Love » des réalisatrices françaises Ariane Mohseni-Sadjadi et Lalita Clozel, sort en salle. Dans l’Amérique de Donald Trump, trois femmes, anciennement sans domicile fixe, cherchent à se remettre de leur histoire d’amour respective. Un récit intimiste qui interroge sur le place de l’amour dans une société violente, dans tous les sens du terme.

Le septième art peut-il briser le quatrième mur ? Telle est la question qui entoure « Homelessly in Love » dont la sortie se fait aujourd’hui en salle. Un documentaire qui résulte de cinq années d’immersion aux États-Unis. On suit trois femmes en situation de précarité, Alyssa, Lorraine et Michelle. Avec « Homelessly in Love », les réalisatrices françaises, Ariane Mohseni-Sadjadi et Lalita Clozel, s’attaquent à une actualité politique violente croisée avec l’expérience universelle qu’est l’amour. Le film, en salle aujourd’hui, repense la création immersive dans une approche intimiste. Un synopsis claire : quel place pour l’amour lorsque l’on vit dans les rues de l’Amérique de Trump ?

Violemment vôtre

Le film s’articule autour des deux faces d’une violence systémique. Politique d’abord. La violence de la précarité sous l’administration Trump est criante. Les protagonistes sont filmées sur fond d’une civilisation presque à l’abandon.
La violence est ensuite genrée. L’intimité de leurs relations témoigne d’un quotidien d’atteintes sexistes et sexuelles.

En interview, les deux françaises affirment une “importance de s’effacer en tant que réalisatrices”. Les protagonistes se racontent selon leurs propres termes, avec simplicité et honnêteté. Un montage intime au service d’une approche bouleversante. Peut être la meilleure manière de toucher le public en plein cœur.

Laisser l’autre se raconter

Les réalisatrices abordent leurs sujets avec une sensibilité propre à leur expérience. Ce sont des femmes qui racontent des femmes. Elles expliquent : “on a noué une relation forte qui permettait qu’elles soient vulnérables avec nous”. Voilà ce qui permet de s’identifier aux images. Leur expérience en tant que femmes aide à ne pas tomber dans le voyeurisme de la précarité ou tourner les sujets en bêtes de foires.

Leur précédent documentaire sur la précarité des ouvriers des Jeux Olympiques de 2024 résonne avec ce film. Elles abordaient là aussi les conséquences des politiques sur les populations les plus vulnérables. Bien que ces femmes nous soient inconnues, on s’identifie à elles. Et ce, parce qu’elles vivent quotidiennement des violences politiques et genrées.
Une violence qui constitue une expérience peut être tout aussi universelle que celle de l’amour.

Un premier long métrage ambitieux du point de vue technique et humain. Et pourtant, un bijoux de sincérité et d’humanité, qui est désormais entre vos mains et sous vos yeux !

Clara Authier