Prix Stéphane Frantz di Rippel 2025 : au coeur du réel

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Le 24 octobre, le jury dévoilera le lauréat du Prix Stéphane Frantz di Rippel 2025. Six ouvrages sont en lice cette année, tous signés de journalistes qui explorent les fractures, les dérives et les résistances de notre époque.

Il y a, dans la sélection du Prix Stéphane Frantz di Rippel 2025, quelque chose de viscéral. Six regards de journalistes qui choisissent d’écrire là où le monde brûle. Ils racontent la violence, la foi, la peur, la manipulation, la politique. Tous ont en commun cette même urgence : témoigner avant que le réel ne se dérobe. Depuis le cri « Femme, vie, liberté », jusqu’aux nouveaux tueurs à gages, des rives de ’Iran à celles du Mali, la sélection 2025 compose une cartographie du courage.

Il y a d’abord le souffle des révoltes dans Femme, vie, liberté, signé Martine Courtade et Mortaza Behboudi. Ensemble, ils redonnent une voix aux femmes iraniennes qui, depuis la mort de Mahsa Amini, se dressent contre l’oppression. Derrière les slogans, leur livre dévoile l’intime. On y retrouve la rage et la grâce d’un peuple qui refuse de se taire. L’écriture, sobre et ardente, dit la beauté fragile de la désobéissance.

Puis vient Prisonnier du désert, où Olivier Dubois, journaliste enlevé au Mali, raconte ses 711 jours de captivité entre les mains d’Al-Qaïda. Le récit n’a rien d’un cri spectaculaire. C’est une voix calme. La voix d’un homme qui a frôlé la mort et qui cherche, désormais, à comprendre ce qu’elle lui a appris.

Tueurs, politique et faux-semblants

D’autres livres auscultent cette liberté sous des angles plus contemporains, plus insidieux. Les Caméléons de Thibaut Martinez-Delcayrou, plonge dans la plus grande escroquerie de ces dernières années : les faux conseillers bancaires. Un livre qui interroge le rapport à la crédulité, au numérique et à la solitude moderne.

Avec La Meute, Charlotte Belaïch et Olivier Pérou s’aventurent dans les coulisses de la France insoumise. Ils y découvrent un univers de tensions, de loyautés brisées, de luttes de pouvoir. Le titre dit tout : une meute soudée mais féroce. Plus qu’une enquête politique, un récit sur la mécanique du pouvoir.

Plus loin, Tueurs à gages de Jean-Michel Décugis, Vincent Gautronneau et Jérémie Pham-Lê. Ils y racontent l’émergence d’un phénomène terrifiant : de jeunes tueurs, à peine adultes, recrutés via les réseaux sociaux. Des gamins qui tuent pour quelques milliers d’euros. L’enquête met à nu une génération déboussolée, privée de repères.

Et puis, Dans les âmes et les urnes, de Vincent Jarousseau. Depuis dix ans, le photographe et documentariste parcourt la France qui vote Rassemblement national. Il ne juge pas. Il écoute. Son livre redonne de la nuance à un vote souvent caricaturé.

Sandy Dumas – © Ville de Biot