Iran : quelles ont été les conditions de détention des otages français ?

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La prison d'Evin à Téhéran, où Cécile Kohler et Jacques Paris ont été détenus, est connue pour comporter une section pour les prisonniers politiques. Photo libre de droit (hsvbooth) non-représentative de la prison d'Evin.

Détenus en Iran depuis 2022, les ressortissants français Cécile Kohler et Jacques Paris ont été libérés ce mardi 4 novembre. Pour le moment, ils sont sous libération conditionnelle dans la résidence de l’ambassadeur de France en Iran. Mais, les répercussions et les traumatismes dus aux conditions de détention ne sont pas prêts de libérer les otages. 

Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a affirmé avec soulagement que le couple d’otages français était « en bonne santé physique et morale ». Mais cela suffit-il pour rentrer indemne en France ? Les otages ont été détenus plus de trois années dans « des conditions indignes et inhumaines », selon les autorités françaises. L’impact psychologique sur les deux ressortissants français est donc plus lourd que ce que l’on peut imaginer.

Benjamin Brière, ancien otage français en Iran, arrêté pour espionnage et propagande en 2022, confirmait en avril 2025 avoir vécu des conditions d’emprisonnement difficiles. Il décrivait des « dortoirs surpeuplés et délabrés, où l’on passe des journées enfermées 21h sur 24h ». Il a enduré des semaines d’isolement et a dû recourir à plusieurs grèves de la faim pour contrer la torture. 

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Mode opératoire dans les prisons : tortures mentales pour les prisonniers et leur famille

La terreur est la même pour les prisonniers politiques défiant le régime, mais aussi pour les touristes pris dans l’engrenage des négociations de la République islamique avec l’Occident. Ils sont soumis à une torture psychologique quotidienne. Des situations dures à vivre pour les otages n’ayant aucune idée de ce qui peut leur arriver. Des moments difficiles pour leurs familles également, qui demeurent sans nouvelles de leurs proches. La sœur de Cécile Kohler s’exprimait sur les conditions de détention en juin 2025 sur le plateau de C à Vous : « Ils sont dans une cellule, sans fenêtre, ils en sortent toutes les 3 semaines pendant 20 minutes […] Cela témoigne de l’environnement de terreur dans lequel ils évoluent ».

Plusieurs formes de tortures sont vécues par les otages : dureté des conditions de détention, tourments infligés par les Gardiens de la Révolution ou encore la vision du sort inévitable et accablant de certains codétenus. « J’ai vu des centaines de personnes passer leurs dernières nuits en prison, car ils allaient être exécutés par pendaison le lendemain matin. Comment oublier le visage de ces personnes là », confie Benjamin Brière. Un autre otage français, Louis Arnaud, emprisonné en 2022 pendant 2 ans témoigne. « C’est l’antre du diable. C’est un endroit où l’on peut mourir » explique-t-il sur le plateau de Quotidien.

Système d’accueil et de suivi pour les otages 

Benjamin Brière a vécu le même calvaire dans les geôles iraniennes. Son livre, paru récemment et intitulé Azadi (« liberté » en persan), raconte les conditions de détention inimaginables vécues par les otages mais aussi ses codétenus iraniens.

Il explique avoir subi de lourdes tortures physiques : « J’ai été cogné à chaque fois », raconte-t-il sur France Info. Depuis son retour en France en 2023, il n’a reçu aucun suivi, ni accompagnement. Ce qui l’amène à la création d’un projet pour mieux accompagner les otages à leur retour. En apprenant la nouvelle de la libération des deux français, il se réjouit en direct lors d’une interview France Info : « Oh c’est énorme! » « Ah la vache!« . Il ajoute avec émotion « Je n’irai pas chercher à les rencontrer, mais je serai là pour eux par contre« .

Kymia Diyaar