Henri Matisse et Nice : quand l’artiste trouve sa muse

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Le musée Matisse, signe de l’héritage laissé par l’artiste à la ville de Nice. Ⓒ Salvayre Matys

Henri Matisse, célèbre artiste français, est mort un 3 novembre de l’année 1954 à Nice. Sa relation avec la capitale azuréenne est indéniable. Entre héritage, inspiration et impact sur son art, la cité des anges et l’artiste sont indissociables.

9 h 55, une foule composée de passionnés et de néophytes d’art attend impatiemment l’ouverture du musée Henri Matisse, prévue à 10 h. Après une attente qui semble durer une éternité pour certains, les portes s’ouvrent et la horde ne se fait pas prier. Elle rentre immédiatement, en passant par un portique de sécurité pour vérifier les affaires de chacun. Puis, vient le moment d’acheter le billet pour pouvoir visiter cette galerie géante, à la hauteur de l’artiste et des œuvres mises en avant. Une des guichetières témoigne : “On est censé être dans une période creuse, mais c’est les vacances donc il y a énormément de passage. On a eu plus de 1500 entrées ce lundi (30 octobre). Henri Matisse est mondialement connu donc les touristes se bousculent pour venir admirer son travail.” Ce musée est l’aboutissement d’un projet qui comptait beaucoup pour le peintre de son vivant. “Il a toujours eu en tête de créer un musée d’art moderne à Nice mais pas forcément monographique avec uniquement ses œuvres”, explique Laurence Schlosser, chargée d’édition au musée. “À sa mort, ses héritiers reprennent en main le projet avec pour idée de base, une fondation dédiée au travail de Matisse. Le tout, avec une approche pédagogique pour donner de l’inspiration aux jeunes artistes.

L’histoire d’amour entre Matisse et Nice

Une question, légitime, se pose : pourquoi avoir choisi la baie des anges comme lieu d’accueil pour ce musée ? Le début de l’histoire entre Matisse et la capitale azuréenne remonte en 1917. “Il est dit qu’Henri Matisse était malade et qu’il voulait soigner cela par le climat.” Son premier séjour est gâché par un temps de pluie, au grand dam de Matisse. “Mais cette pluie laissera place à une magnifique lumière, qui le séduit”, raconte Laurence Schlosser. À tel point qu’il revient à plusieurs reprises, toujours sur une longue durée, tout en alternant avec sa vie à Paris. “Il restera ensuite de manière plus pérenne, en possédant, à partir de 1927, les deux derniers étages du palais Caïs de Pierlas au cours Saleya. Le tout, avec une vue panoramique sur la mer et le marché.” En 1938, avec une nouvelle période de guerre qui approche, Matisse change de cadre de vie, tout en restant à Nice. Le peintre français achète un appartement au Régina. “Cet achat marque un renouvellement de son approche artistique.

L’impact de Nice sur son art

Il y a plusieurs grands tournants dans l’œuvre de Matisse. Vers le début des années 20, à son arrivée à Nice, on assiste à ce qu’on appelle “la première période niçoise”. Il est moins radical dans son approche picturale. Il met en scène ses modèles sous forme d’odalisques avec plusieurs objets mis en scène”, décrit Laurence Schlosser. Henri Matisse n’est pas un peintre qui s’intéresse aux paysages, à la ville de Nice en elle-même. “Il travaille majoritairement sur des scènes d’intérieur, avec ses fameuses fenêtres qui ouvrent des perspectives lumineuses vers le paysage extérieur.” La capitale azuréenne ne l’intéresse pas pour son paysage pittoresque, contrairement à d’autres peintres. Le natif du Cateau-Cambrésis préfère travailler sur la lumière et le côté théâtral de la baie des anges, avec des façades ostentatoires. “Il joue de cela. Pour lui, Nice est une grande scène de théâtre, de cinéma. C’est ce qu’il recrée dans ses œuvres à l’époque.” Il subit d’autres ruptures dans son art puisqu’il reste dans la capitale de la Riviera jusqu’à sa mort. Ses changements d’ateliers marquent un tournant dans son approche artistique. 


Henri Matisse le canoteur

En 1927, le natif du Cateau-Cambrésis rejoint le Club Nautique de Nice (CNN). Il en devient un membre éminent et assidu. Le peintre français s’exerce à la pratique du canotage avec sa propre embarcation presque tous les après-midi pendant trois ans. L’artiste arrivait en Rolls Royce et son chauffeur l’attendait devant le club. Le CNN est fier de cet héritage et ne manque pas de le faire remarquer aux personnes qui visitent le site de l’association.


Matys Salvayre