LE CARNAVAL DE NICE 2018 : LE ROI DE L’ESPACE OU LE ROI DE LA POLITIQUE ?

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Pour cette 134ème édition, le nouveau monarque explorera l’espace dans toutes ses dimensions. Un thème qui ouvre toutes les perspectives à l’imagination et demeure particulièrement d’actualité. Mais quand l’actualité écrase la fantaisie, il est difficile de rêver.

BIENVENUE DANS L’ESPACE

« La maison du carnaval » ce sont les lettres à moitié effacer, sur une pancarte égarée. Grande, triste et sans porte officielle, cette maison ou plutôt cet entrepôt n’attire pas. À l’intérieur l’odeur de peinture emprisonne le nez. La ventilation particulièrement forte laisse un bruit de fond dans les oreilles.

À gauche saturne, décoré d’étoiles jaune avec des paillettes, sur un fond bleu nuit intense. Selon Marie Povigna, 20 ans et peintre « la reine de l’espace sera au cœur de la planète ». En face, une autre planète, jaune avec des cratères accentués d’orange. Celle-ci est déjà habitée. Il y a E. T, Avatar, un alien de Toy story, R2D2 et maître Yoda. Reflétant tous les héros les plus attachants de l’espace et la dernière année cinéma. Sur le char d’après, le film « Aliens vs Predators » et maître, les personnages sont sublimés par le même bleu nuit que saturne. Il suffit de tourner la tête à gauche pour finir d’imaginer votre évasion spatiale. Un cyclope vert, avec d’atroces verrues violettes est prêt à engloutir la Terre. Libre à vous de créer le scénario. L’odeur de peinture est devenue presque agréable et la ventilation ne gêne plus. La féerie et l’imagination dominent les esprits. Enfin une rencontre entre la Lune et le Soleil apporte une touche de romantisme.

LA POLITIQUE DE L’ESPACE

Une table avec plusieurs outils mélangés à des pots de peinture vides rappelle que des personnes ont travaillé dur pour faire de telles prouesses. Il faut peaufiner certains détails. À 4 jours de l’évènement, les préparatifs ne sont pas terminés. « Nos journées en ce moment c’est du 8h – minuit » raconte Marie dans sa salopette tâchée de peinture. À gauche un char immense de près de 20 mètres, le plus grand. Il met en scène la planète des singes. Mais version politique. Au-devant de la scène, Trump. Il a le corps d’un gorille aux poils marron foncé presque noirs. Ses poings sont fermés et son visage est accentué d’un quadruple menton. Il est prêt à attaquer. Derrière lui, Theresa May. Accroché au Big Ben comme-ci il allait s’effondrer. Et au fond Poutine. Avec un corps moins robuste que celui du président américain. Lui a le poil blanc comme la neige avec un ordinateur sur les genoux. À côté de lui Erdogan, le visage rongé de colère. Ces personnages ont tous des histoires différentes mais tous ont un ou plusieurs missiles nucléaires à leurs pieds. L’odeur de peinture redevient gênante comme les bruits de fond.

Sur le prochain char le président français. Emmanuel Macron est sur une soucoupe volante posée sur une tour. Dupliqué en trois, il a un large sourire sur les lèvres, ses bras sont levés, comme lors d’un discours politique endiablé. Le dernier char représente la société de consommation. Une bouche géante avec de grandes dents, prête à manger la Terre avec les animaux ainsi que les agriculteurs qui essayent de s’échapper. La visite des coulisses est terminée, le goût amer de l’année 2017 est là. Le carnaval a perdu de sa magie.