Sepideh Gholian est une prisonnière politique connue en Iran, emprisonnée depuis 2018 pour avoir couvert une manifestation de travailleurs. Son nouveau livre de recettes, paru en avril 2025, The Evin Prison Baker’s Club met à l’honneur ses codétenues (actuelles et anciennes).
Depuis la révolution islamique de 1979, il est interdit pour les iranien(ne)s de danser, chanter et diffuser la culture. Les femmes iraniennes en particulier sont persécutées. Si les Iraniens manifestent et défient les lois islamiques imposées par le régime, ils sont condamnés à plusieurs années d’emprisonnement, torturés et exécutés. La liberté est un grand prix à payer. Sepideh Gholian tente de libérer la parole à travers son livre de recettes.
Sepideh Gholian, militante pour les droits humains et journaliste iranienne
Sepideh faisait partie des Syndicats des travailleurs de l’entreprise Sugarcane à Haft Tappeh (Khouzestan). Elle est arrêtée par la police des mœurs en mai 2018 car elle couvrait la manifestation des travailleurs qui y avait lieu. En prison, ses bourreaux la torturent et l’isolent afin de lui soutirer des aveux. Depuis, elle enchaîne les entrées et sorties de prison pour « insultes au Guide suprême » et « perturbation à l’ordre public ».
« À chaque fois que je ferme la porte de chez moi, mes parents me regardent comme s’ils savaient que je n’allais pas rentrer », confie-t-elle sur son compte Instagram en août 2025. Sa famille est, justement elle aussi, victime de menaces, violences physiques et morales : un des outils de torture préférés du régime islamique.
L’écriture : un moyen de panser ses blessures
En 2020 elle publiait déjà son journal d’incarcération, témoignant de la vie des femmes iraniennes en prison. 5 ans après, elle sort son livre de recettes pour rendre hommage à ses codétenues. Dans sa nouvelle parution, Sepideh Gholian prône l’espoir. La jeune femme raconte les horreurs auxquelles les femmes sont confrontées en prison. Elles sont battues, humiliées, interrogées, torturées. Mais afin de résister elles cuisinent, elles dansent, pleurent et se consolent.
Un livre au reflet du courage des Iraniennes
Sepideh veut saluer la résilience des femmes en Iran et à celles emprisonnées. Tout cela en leur préparant ces douceurs et en partageant ses recettes. On y retrouve une tarte à la citrouille pour Narges Mohammadi, des scones (petits pains d’origine écossaise) pour la fille de Nazanin Zaghari-Rattcliff et des madeleines pour Marzieh Amini.
Cet ouvrage est une manière de témoigner des horreurs qui se passent en prison en Iran, mais également de maintenir un lien affectif avec le monde extérieur.
Kymia Diyaar
