Retour aux sources pour Florent Manaudou

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Dans l’ombre écrasante de sa soeur, Florent Manaudou s’est fait un prénom aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 en remportant, à la surprise générale, l’or olympique sur le 50 m libre. Après des années de compétitions, l’athlète annonce faire une pause dans sa carrière. Trois ans plus tard, il fait son grand retour et réalise la meilleure performance mondiale de l’année sur 50 mètres papillon, à Indianapolis.

À bout de souffle

La nouvelle avait laissé tout le monde médusé. Le nageur français avait expliqué son choix à l’AFP : « le système dans lequel j’évolue entraîne une forte pression médiatique et je ne veux pas que cette dernière vienne gâcher mes chances de donner, à nouveau, un jour une autre médaille olympique à la France. Je veux me donner les conditions du ressourcement ». Il souhaitait également : « préserver et garder le plaisir qui a été mon moteur principal pendant ces 8 années. J’ai donc décidé de faire une parenthèse avec mon triple entraînement quotidien ».

Cette pause prématurée fait suite à l’amertume qu’il a gardé des Jeux Olympiques de Rio 2016, où la médaille d’or lui échappe de peu. Au micro de Canal +, il fait part de sa déception : « J’ai gagné tous les titres et je voulais boucler la boucle ici. Pour un centième, je me prive tout seul d’un deuxième titre… ». Interrogé, alors, sur sa participation aux prochains Jeux Olympiques – Tokyo 2020, l’athlète français est resté évasif : « Je vais avoir besoin de souffler. Je vais faire trois mois de break. Revenir ou pas, je ne sais pas… ».

Une nouvelle reconversion

Florent Manaudou se tourne alors vers le handball, « sans autre ambition que de donner le meilleur de lui-même et trouver une source de plaisir différente ». Passionné de handball, c’est un sport qu’il a pratiqué jusqu’à l’âge de 13 ans avant de se consacrer entièrement à la natation. Le nageur, devenu handballeur intègre le club d’Aix, le PAUC (Pays d’Aix Université Club). L’ancien capitaine de l’équipe de France de handball, Jérôme Fernandez devient son entraîneur. Il s’était confié, à son propos : « Florent Manaudou a des qualités athlétiques hors du commun donc il a des aptitudes à pratiquer beaucoup de sports différents ». Il fait ses premiers pas le 4 février 2017 et joue avec la réserve du PAUC, qui évolue en Nationale 2. 

Manaudou replonge

Pour autant, il n’avait pas écarté la possibilité de poursuivre sa carrière. Après 3 années d’absence, l’heure est venue pour lui d’enfiler à nouveau son maillot de bain. Un choix qu’il explique dans l’Équipe : « En discutant avec mes proches et mes anciens coaches, je me suis lancé un challenge : me relancer dans la compétition. Je veux m’entraîner à nouveau, prendre du plaisir là où je n’en avais plus aux Jeux de Rio ». Le goût de la natation et du haut niveau étaient finalement revenus. « En natation, je m’entraîne pour être le meilleur du monde, pour arriver sur une finale de Jeux Olympiques, avoir le stress et détester la défaite », explique-t-il. Si l’athlète a, depuis, renoué avec les bassins, il assure que sa courte carrière de handballeur a été bénéfique : « Le handball m’a donné beaucoup de cuisses et d’explosivité ».

Objectif Tokyo 2020

Son défi est cependant immense. Il le reconnaît, mais il annonce, malgré tout, la couleur de ses ambitions : « j’ai envie de gagner bien sûr. J’ai pour objectif de nager plus vite que les 21″19 de Kazan – son record personnel. Je n’ai pas envie de reprendre pour faire une demi-finale à Tokyo ». Pour atteindre son but et être qualifié pour les Jeux Olympiques de Tokyo, l’icône de la natation tricolore est parti s’entraîner à Antalya, en Turquie, avec son ancien coach, James Gibson. Des sessions d’entraînements partagés avec un des « cadors » de la natation comme Ben Proud, pour son plus grand bonheur : « je suis très content de nager avec lui (…) Il va me tirer vers le haut ».

Il intègre également l’ISL – International Swimming League, où les plus grands nageurs se côtoient tels que Jérémy Stravuis ou encore Federica  Pellegrini. Des efforts qui paient puisqu’il signe la meilleure performance mondiale de l’année sur 50 mètres, à l’ISL Indianapolis. C’était sa deuxième performance depuis son retour et il impressionne déjà. Il signe un chrono digne des plus grands : 20’’77’100. À noter, que son record personnel sur une telle épreuve est de 20’’26, un temps établi à Doha, en décembre 2014.

En attendant les Jeux Olympiques de Tokyo, le programme d’entraînement de Florent Manaudou reste chargé. Dès le week-end prochain, le nageur tricolore replongera à Naples, puis fin novembre à Londres. Il prendra ensuite la direction des championnats d’Europe petit bassin à Glasgow, qui se dérouleront du 4 au 8 décembre, avec l’équipe de France. Un seul objectif en tête : se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 !