5 romans à (re)lire pendant le confinement

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Depuis le 11 mai dernier, les librairies françaises ont enregistré une hausse 9,7% de leur chiffre d'affaires global. ©Pol Partouche

Réduits à l’isolement depuis plusieurs semaines, le temps passé chez soi n’a jamais paru aussi long. Alors, en guise d’alternative à la PS5, EDJ News vous propose une sélection de cinq romans pour pousser les quatre murs de votre appartement ou maison, et sans aucun effort. Bonne lecture à tous !

Je m’en vais, Jean Echenoz (Minuit, 1999)

Lauréat du Goncourt 1999, le neuvième roman de Jean Echenoz invite au départ (et ça tombe bien). Félix Ferrer, un marchand d’art parisien que la monotonie semble avoir abîmé, se lance dans une conquête d’œuvres d’art inuit de grande valeur. Dissimulées à bord d’un navire pris au piège par les glaces de l’Arctique, l’auteur déplace l’intrigue dans la région des grands froids (nous conseillons d’accompagner la lecture d’un plaid sur le dos), et mêle habilement à la narration action et description. De retour à Paris, Ferrer se fait subtiliser les statuettes inuites et parcourt le Sud de la France afin de les récupérer. Un roman haletant et intelligent, idéal pour se libérer le temps des quelque 200 pages de notre condition de confiné(e)s.

Le vieil homme et la mer, Ernest Hemingway (Gallimard, 1952)

L’envie de prendre le large n’a jamais été aussi grande ? Pas de panique, tonton Hemingway est à votre rescousse. Dans Le vieil homme et la mer, l’écrivain américain raconte d’une main de maître le combat pittoresque entre un vieux et pauvre pécheur cubain et un marlin (proche de l’espadon) surdimensionné. Sorti en mer malgré une météo capricieuse, Santiago (le vieil homme) réalise la plus belle prise de toute sa vie : il ferre au bout de sa modeste canne un poisson aux dimensions hors-normes. S’ensuit alors une lutte acharnée entre le marin et le poisson, qui seront liés physiquement et philosophiquement pendant cinq jours. Au bout du compte, le vieil homme finit par appeler le poisson « mon frère », et lui témoigne tout son respect. Cette magnifique histoire invoque le lien précieux entre l’homme et la nature, que certain(e)s d’entre nous auraient peut-être perdu durant ce confinement…

Chârulatâ, Rabindranath Tagore (Zulma, 1913)

Direction l’Inde, et plus précisément le Bengale. Dans ce territoire considéré comme le berceau de l’élite et de la culture indienne, le riche Bhupati consacre tout son temps à son journal anglophone, et délaisse ainsi la belle Chârulatâ, sa femme. En voyage dans le Nord du pays, le jeune Amal rend visite à son cousin Bhupati, et s’éprend de l’extrême beauté de Chârulatâ. Le poète Tagore évoque dans cette longue nouvelle une liaison impossible entre une femme mariée et un jeune étudiant sans le sou, et dresse le portrait d’une Inde éternelle au charme fou. Entre érotisme, poésie et rapports de castes, ce livre invite à la découverte d’une région du monde débordante de richesses, et sonde les désirs de l’âme humaine.

Pour trois couronnes, François Garde (Gallimard, 2013)

Ancien préfet de plusieurs départements d’Outre-mer (Nouvelle-Calédonie, Réunion), François Garde met à profit ses longues années de carrière sur des territoires insulaires pour livrer un roman d’aventures séduisant, et déployé sur trois continents (là aussi, le dépaysement est assuré). Philippe Zafar, fraîchement devenu « collecteur aux archives », enquête sur un mystérieux testament rédigé par Thomas Colbert, un magnat du commerce maritime américain. Cet ouvrage rend compte d’un voyage entre les siècles, et des rebondissements parfois inattendus qui captivent le lecteur et nourrissent la narration. Un livre pour lequel la quête du savoir n’a pas de prix, quitte parfois à en oublier ses convictions et ses proches…

Gran Balan, Christiane Taubira (Plon, 2020)

Gran Balan et le premier roman de l’ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira (en poste de 2012 à 2016). Très attachée à sa Guyane natale, la ministre d’hier (ou l’écrivaine d’aujourd’hui) rattache plusieurs portraits d’hommes et de femmes que la métropole a oubliés. Des histoires croisées qui racontent avec humanité les violences et les errances du peuple guyanais, mais aussi des moments de joie, de rires et d’espoir. Armée de son expérience politique et de son immuable recherche d’égalités, Christiane Taubira signe une première fiction engagée et puissante, qui fait résonner la voix des Guyanais (au travers du créole) bien au-delà de la littérature.