La statue de lion géant de Richard Orlinski est sur le point de disparaître. Installée en juin 2023, elle sera déboulonnée avant le 30 novembre 2025. Au-delà d’une simple affaire de justice, sa disparition déchaîne les passions des locaux.
Richard Orlinski à Nice, c’est bientôt fini. La statue de lion, dernière œuvre de l’artiste installée à Nice, sera très prochainement démontée. Initialement destinée à trois mois d’exposition, son bail a fini par être prolongé de quasiment trente mois. Mais cette fois, pas de prolongation prévue, le Roaring Lion Spirit va bel et bien disparaître avant la fin du mois.
Déception pour certains…
Ce matin, Gilles s’arrête devant la statue de cinq mètres de hauteur. « J’ai un ami qui est censé me rejoindre dans quelques minutes au pied du lion. Donc j’en profite pour le contempler avant qu’il ne soit plus là ! », clame-t-il. Et, quand on parle du loup, on en voit la queue. Paul, lui, se montre bien plus radical que son compère : « Si l’on exclut la statue Garibaldi en elle-même, c’est ce qui faisait la beauté de cette place. Vous imaginez ? Ce sera vide et sans âme », lâche-t-il. Si les passages devant le lion sont relativement limités, il est rare de ne pas voir les visages se lever pour l’admirer. Anne, elle, nuance son propos : « J’exagérerais si je disais qu’un monument de Nice disparaissait, mais je l’admets, ça me fait quelque chose », souffle-t-elle.

… désintérêt pour d’autres
Pour autant, le chef-d’œuvre de Richard Orlinski ne fait pas l’unanimité auprès des Niçois. Élise, retraitée, pointe du doigt l’aspect « bling-bling » de la statue : « Je suis contente de cette annonce. On avait perdu le charme d’autrefois. La place Garibaldi appartient à Giuseppe Garibaldi, c’est logique. Et franchement, je ne la trouve pas si belle que ça ! », s’exclame la sexagénaire. Entre critiques esthétiques et attachement au patrimoine, le retrait du lion suscite chez certains une réjouissance discrète. Sortant du magasin Monoprix, Michel fait part de son soulagement. « Les touristes s’arrêtaient pour faire des selfies, mais ils ne regardaient plus la place. La place était devenue un décor de parc d’attractions », se désole-t-il.
Une affaire de longue date
Si quelques locaux s’accordent à dire que le démontage du Roaring Lion Spirit n’est pas souhaitable, d’autres figures politiques comme Éric Ciotti n’ont pas mâché leurs mots : « Bonne nouvelle : le lion hideux d’Orlinski va enfin être retiré de la place Garibaldi. Une mesure de bon sens que je réclame depuis des mois ! Si la mairie veut d’autres idées pour embellir Nice, j’en ai encore beaucoup », peut-on lire sur le compte X du président du groupe Union des droites pour la République. Installé à Garibaldi depuis 2023, le lion d’Orlinski est au cœur d’une enquête ouverte par le Parquet national financier. La Ville de Nice est soupçonnée de favoritisme et de prise illégale d’intérêts. Des perquisitions ont eu lieu à la mairie et chez l’artiste, dans le but de déterminer si Richard Orlinski a bénéficié ou non de traitements préférentiels, sans appel d’offres, dans le seul et unique but d’exposer ses œuvres dans l’espace public…
Flavien Beckrich




