À Noël, même les arbres sont ridicules…

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C'est parti pour une saison où les décorations de Noël s'imposent pendant 3 mois. - © Unsplash (DR)

Aaaaah Noël… Les festins assurés, les douceurs chocolatées et les cadeaux par milliers ! Sur le papier, ça fait rêver… La date butoir est en ligne de mire. La grisaille du mois de novembre prend ses quartiers. L’armistice de 14-18 vient tout juste d’être commémoré et déjà, villes et villages se parent de leurs plus beaux habits. C’est la course ! Les agents municipaux s’activent sous la pression des impatients. Du bleu, du rouge, du jaune, il y en a pour tous les goûts. Les guirlandes leds, les traversées lumineuses et les motifs étoilés fleurissent partout. Si les enfants ont pour la plupart déjà écrit leur lettre au père Noël, les parents cèdent logiquement à leurs caprices. « Maman, on fait le sapin ? » Et voilà que papa, s’il veut s’éviter un conflit d’intérêt, doit se rendre à la jardinerie la plus proche ou au fond du grenier, à la conquête du précieux sésame vert (en France, plus de 6 millions de sapins sont achetés chaque année).

Il y a deux écoles. Ceux qui se contenteront d’un embellissement épuré, une guirlande en spirale et une étoile au sommet. Et ceux qui veulent mettre le paquet. Dehors, c’est à celui dont le jardin sera le plus éclairé. À coups de guirlandes lumineuses, certains réussissent à merveille le pari du manège enchanté. Tant pis pour la facture d’électricité, ça fera un cadeau de moins à acheter… Le jour J se rapproche. Dans les grandes surfaces, les caddies tentent de se frayer un chemin dans les allées surpeuplées. Les plus audacieux attendent même le 24 décembre pour choisir des cadeaux qu’ils avaient un an pour acheter. Foie gras, saumon et langoustes, on craque pour des aliments qu’on s’est interdit toute l’année.

Après l’heure, c’est plus l’heure

Ça y est nous y sommes. Les enfants mettent fin à des semaines d’attente et déballent à toute vitesse leur(s) cadeau(x), pendant que les parents s’affairent à les photographier. L’instant est aussi beau que furtif. Les invités frappent à la porte et la famille est enfin réunie. On s’étreint, on s’embrasse, on rit et on oublie… Le voisin d’en face est peut-être malheureux. Comme chaque année, seul, il se soûlera devant le père Noël est une ordure que les chaînes télés lui proposent une énième fois. Ailleurs, une maman pleure d’être éloignée de ses enfants, parce que cette année, c’était « le Noël de papa ». Dehors, le pavé n’est pas moins froid pour ceux qui n’ont pas de toit… Alors que pour certains, cette journée ne sert qu’à rappeler la douleur de la perte d’un être aimé. D’autres, et ils sont nombreux, ne rateraient le réveillon pour rien au monde. Si j’étais aussi cruel que Renaud, « je voudrais les voir crever, étouffés de dinde aux marrons. » Mais il faut se cramponner, ça ne va pas durer.

Ouf, c’est terminé, voilà le mois de janvier ! Le soleil brille plus longtemps dans la journée. On se résout à faire mieux que lors de l’année qui vient de s’achever. Dans la rue, les décorations n’ont pas pour autant disparu. Le sapin et ses guirlandes clignotent fièrement dans le salon. Curieusement, lorsqu’il s’agit de faire disparaître toutes les fantaisies de Noël, on ne semble pas aussi presser que pour les poser. Les journées défilent et l’on s’observe. Qui va prendre l’initiative de ranger l’arbre de Noël et ses agréments ? Le statu quo s’éternise, nous voilà fin février. Sur la balustrade de la terrasse, le père Noël est congelé, il ne demande qu’à regagner sa place réchauffée dans le grenier. Sur la rambarde des escaliers, la guirlande n’a même plus la force de scintiller. Sur les poteaux électriques de la place de mairie, les luminaires en forme d’étoile sont grillés. Après tout, à quoi bon les enlever ? Puisque dans 9 mois, il faudra déjà recommencer…