Le Calice, entre sorcellerie et Moyen Age

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L'entrée de la boutique ne passe pas inaperçue, grâce à une imposante armure en guise de décoration. CP : RB

Pas besoin de lire tous les tomes d’Harry Potter pour se plonger dans l’univers de la magie et autres pratiques occultes. Propriétaires de la boutique « Le Calice », «la sorcière » Laëtitia et son mari Laurent « le chevalier », vous emmènent plus loin que Poudlard. Entre voyance, prédictions, médecine ancestrale et chevalerie, voyage en terre tout aussi étrange qu’inconnue.

« On est tarés, mais bien dans nos baskets. » Souriant et plein d’autodérision dans une élégante veste de costard, Laurent n’oublie pas un détail lorsqu’il parle de sa boutique. Il faut dire que grâce à celle-ci, il peut exercer son éternelle passion pour le monde médiéval et fantastique. « Je suis un chevalier, un médiéviste » affirme ce père de famille qui le week-end enfile son armure pour donner des représentations de combat à l’épée au sein d’une association.

Laurent gère la partie fantastique et historique du commerce. De la réplique de l’épée de Jon Snow de Game of Thrones aux dagues de francs-maçons accrochées au mur, il connaît tous ses articles sur le bout des doigts.

Si la boutique laisse une grande place à la partie médiévale, là n’est pas la principale curiosité du magasin. Sur la devanture, on peut notamment lire « ésotérisme » écrit en lettres d’or. « Moi je ne suis que chevalier, c’est ma femme qui est sorcière, elle vous en parlera mieux que moi, mais il faut l’attendre, elle est chez le médecin. »

En attendant la sorcière qui n’a pu trouver de potion pour son mal de gorge, son mari explique le principe des rendez-vous que propose « Le Calice » depuis le mois de juin. En formule ou séance simple, toute une série de consultations de voyance, par les cartes ou par pendule, est proposée aux clients.

D’ailleurs, des clients, il n’y en a pas beaucoup en cette matinée de janvier. A en croire le chevalier, ces derniers sont pourtant nombreux. « On est un commerce de destination. Nous sommes les seuls sur Nice à proposer ça. On attire aussi bien les sorciers que les médiévistes ou simplement les curieux. La boutique marche très bien depuis qu’on l’a ouverte il y a un an et demi. » En quasiment deux heures, seules trois personnes venues poser un colis dans ce magasin « relais » ont franchi le pas de la porte. Quatre, si l’on compte Laëtitia, qui rompt tous les clichés de la sorcière telle qu’on les connait.

Chaleureuse et souriante, sans chapeau ni balais, mais vêtue d’un jean et d’une veste rouge, celle-ci assure avoir un don depuis petite. Elle peut pratiquer la magie, c’est-à-dire la manipulation des énergies de chacun. Pour elle, l’ésotérisme constitue tout ce qui est « inexplicable pour la plupart des gens ». Son but ? Aider ses clients grâce à ce don. « Je ne suis pas une voyante qui va dire exactement ce qui va se passer à la minute près. J’ai des intuitions, j’aide plutôt les gens à aller dans la bonne direction, à avoir les bonnes énergies. » Impossible pourtant de gratter une quelconque information sur notre avenir, ou notre passé (dommage, on aura essayé). Bien qu’elle assure percevoir notre flux énergétique, Laëtitia garde toute sa force pour ses clients.

Au-delà des consultations, celle qui se définit comme une véritable sorcière prépare des amulettes « pour trouver l’amour ou gagner un procès », confectionne des bougies et propose même de la lithothérapie, c’est-à-dire des aides à travers l’énergie de nombreuses pierres, rangées sur un large présentoir. « C’est ce qui se vend le mieux » déclare-t-elle fièrement en montrant les cailloux multicolores. « J’ai toutes sortes de personnes qui viennent m’en acheter ou me voir pour des conseils. Tous ceux qui croient en notre magie passent par chez nous. »

Attachant et très bavard, le couple semble serein quant à l’avenir de son échoppe. Malgré quelques désagréments, comme des crucifix posés sur la poignée du magasin par des gens « qui n’ont rien compris à ce que nous faisons », selon Laurent, il n’y a pour l’heure aucune inquiétude. Ce n’est d’ailleurs pas la publicité qu’il manque. Des radios, journaux locaux, et même des chaines de télévision sont déjà passés par là avant nous, que l’on y croit ou pas.

Romain Boudon