Confinement : la consommation de cannabis en hausse

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1,5 million de Français consomment régulièrement du cannabis. ©Charly Chateau

Stress, solitude et enfermement… Depuis le 30 octobre et jusqu’au 1er décembre, les Français sont de nouveau confinés. Certains se retrouvent seuls face à leurs addictions et avouent avoir augmenté leur consommation de cannabis. 

C’est dans une rue vide de Nice, proche de la gare Thiers, que Kylian* donne rendez-vous à ses clients. A l’intérieur de sa sacoche se trouvent huit grammes de cannabis. Il semble serein et pourtant son regard survole les façades des bâtiments, à la recherche de caméra de vidéo surveillance. « On n’est jamais trop prudent », confie-t-il.

Depuis le début du confinement, annoncé le 30 octobre dernier, Kylian doit s’adapter. « J’ai augmenté le minimum de commande. Avant, je livrais la marchandise pour des commandes de minimum 50 euros. Maintenant, je demande 80 euros », explique le jeune homme. Cela permet de limiter ses rencontres avec les clients et les risques liés au Covid-19. « Mais du coup, c’est ça qui entraîne une consommation plus importante », ajoute-t-il. Un client s’approche de lui et lui serre la main. L’échange est rapide et vif. En toute discrétion.

Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), la consommation de cannabis a augmenté de 27% pendant le premier confinement. En novembre 2020, Gae Conseil publie une enquête dans laquelle 57% des Français en télétravail estiment que travailler de chez soi augmente le risque de consommation de cannabis. 

« Ma consommation a doublé en quelques semaines » 

Candice, une étudiante de 22 ans, consomme quotidiennement du cannabis. « Le fait d’être enfermé chez moi et ne pas pouvoir sortir m’incite à fumer plus que d’habitude. Ma consommation a doublé en quelques semaines. Je n’ai que ça à faire. Et le temps passe beaucoup plus vite », avoue-t-elle au téléphone, en tirant sur son joint. « Avant, je fumais entre deux et trois joints par jour. Maintenant, j’en fume cinq, voir plus », précise-t-elle. 

Pour Loïc*, le confinement est l’occasion de se retrouver seul face à ses réflexions : « Je suis quelqu’un d’extrêmement pensif… Quand je fume du cannabis, j’oublie tout à part la musique que j’écoute ». Même si ce dernier n’a pas spécialement remarqué une augmentation dans sa consommation, selon lui, « c’est possible, parce qu’on a plus de temps pour fumer comme on ne peut pas sortir voir nos potes ». 

L’ennui, l’enfermement et l’angoisse 

De nombreux facteurs liés au confinement poussent à la consommation de cannabis. « Il y a celui de l’ennui, de l’angoisse… Avec le confinement, il y a moins d’occupations. L’enfermement fait beaucoup remonter les angoisses. Comme il n’y a pas cette liberté de mouvement et qu’il y a une dépendance très établie, il y aura effectivement plus de consommation de cannabis », affirme Pamela Deshamps, psychothérapeute spécialisée dans les addictions.

Il est difficile de réduire ou d’arrêter de consommer du cannabis. Toujours d’après Pamela Deshamps, « certaines variétés de cannabis font du bien, donne du plaisir, mais ce n’est pas le cas de toutes. Il faut commencer à éliminer celles qui sont désagréables, négatives. Et pour les éliminer, il faut faire autre chose, se changer les idées et laisser passer l’envie ». 

Que dit la loi ?

La consommation de cannabis ou autres stupéfiants est interdite par la loi. Selon l’article L.3421-1 du Code de la santé publique, « l’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende ». Cela concerne autant l’usage privé que l’usage public. Une personne interpellée par les forces de l’ordre possédant une petite quantité de cannabis ou en train d’en faire usage peut recevoir une amende forfaitaire de 200 euros. Si cette dernière est payée sous 15 jours, l’amende est réduite à 150 euros. Si elle est payée au-delà de 45 jours, elle augmente à 450 euros.
Le trafic de cannabis, quel qu’il soit, est passible de dix ans de prison et 7,5 millions d’euros d’amende.
Enfin, la conduite sous l’emprise de cannabis ou autres stupéfiants est passible de deux ans de prison et 4 500 euros d’amende, qui peut être accompagnée d’un retrait de six points sur votre permis de conduire.

*Par souci d’anonymat, les prénoms ont été modifiés