Arbitrage français : analyse en cours…

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© Pixnio

Après trois mois de compétition, on ne compte plus les polémiques autour de l’arbitrage français. Cartons rouges, décisions douteuses, manque de dialogue, le monde du foot réclame des explications auprès des hommes en noir.

« Il n’a pas voulu discuter avec moi. C’est ce qui me chagrine », déclare en conférence de presse Antoine Kombouaré, agacé après la rencontre entre Nice et Nantes. L’entraineur nantais a voulu comprendre, mais la porte de l’arbitre, Monsieur Letexier, est restée close. Une double main oubliée et un pénalty généreux en fin match a provoqué une colère noire chez les Canaris, causant deux exclusions. L’arbitrage est pointé du doigt depuis le début de la saison. 113 cartons rouges après trois mois de compétition en Ligue 1 et Ligue 2 : du jamais vu. Un chiffre considérable en comparaison avec les autres grands championnats européens. Un règlement imprécis et facilement interprétable et des consignes trop strictes données par la direction technique de l’arbitrage peuvent expliquer ces problèmes. Trop sévère ? Injuste ? Le moins que l’on puisse dire, pour une fois tous les clubs sont d’accords, il faut que ça change.

Les arbitres seuls au monde

Que ce soient les fans sur les réseaux sociaux ou les protagonistes du monde du foot, tous s’énervent contre les juges du jeu. « Comment voulez-vous que l’on respecte ces types », ce sont les mots forts de Kombouaré en conférence de presse le 23 octobre. Les joueurs, eux, ne disent presque rien à la presse ou sur les réseaux sociaux, de peur d’être suspendu. Leur mécontentement est en revanche visible sur le terrain, en protestant de plus en plus à la fin du match pour essayer de comprendre les choix. Ils tombent cependant sur un corps arbitral stoïque et froid, refusant l’échange.

« On est souvent critiqué pour nos erreurs, mais jamais reconnu pour nos bonnes actions, » nuance Ewann Leduc, jeune arbitre du Calvados pour La Voix le Bocage. C’est en effet facile de « taper » sur l’homme au sifflet, et d’évacuer sa frustration. Paradoxalement, de plus en plus d’arbitres français sont intégrés dans les compétitions internationales, les plaçant dans l’élite mondiale. Pourquoi ce décalage ? Les consignes données par la FFF et la LFP sont elles trop strictes, et quelles sont les solutions pour réduire ce décalage de vision entre la France et l’Europe ? Des pistes sont déjà à l’étude.

Comment ouvrir le dialogue ?

Il existe des solutions pour plus de transparence, et elles se trouvent dans les autres sports. Au rugby, les arbitres sont depuis des années équipés de micro et le son est diffusé en direct à la télévision. Dans le foot français, on a vu cette saison Bastien Dechépy expérimenter cette pratique. La diffusion des dialogues entre les acteurs du match permet de mieux comprendre les décisions prises. C’est ce qu’explique Joel Quiniou ancien arbitre international sur France Info : « On ne pourrait plus remettre en doute la version de l’arbitre et les joueurs, sachant les échanges rendus public, ils n’auraient pas envie d’en rajouter ». Autre idée, créer une commission pour analyser les décisions après les matchs du week-end, pour réévaluer certaines situations jugées litigieuses. Une commission de discipline se réunit déjà chaque semaine pour décider des sanctions à infliger aux joueurs. Pourquoi ne pas réévaluer certaines décisions et annuler des cartons rouges ? Chaque partie doit faire un pas en avant pour se comprendre et arrêter de botter la balle en touche dès qu’il faut s’expliquer sur des faits.

Simon Legentil

*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Adrien Roche*