« Est-ce normal de ne pas pouvoir monter dans son train ? »

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Un jumbo (900 places) quitte la gare de Nice Riquier. (Photo H. S)

Régulièrement, les passagers de la ligne Grasse-Vintimille critiquent la capacité des TER qui circulent aux heures de pointe. Des voyageurs restent parfois sur le quai, faute de places.

9h03, le TER entre en gare de Nice-Ville. Les usagers jouent des coudes pour pouvoir monter à bord en premier. La rame a une capacité de 1800 places, suffisant pour accueillir les voyageurs de la ligne Vintimille-Grasse. Mais ce n’est pas le cas tous les jours. Aux heures de pointe, la SNCF fait parfois circuler des jumbos, des trains de 900 places. Résultat : ceux qui arrivent en dernier restent sur le carreau. Une situation que dénonce régulièrement Eric Sauri, président de l’association « Les Naufragés du TER Grasse-Vintimille », sur sa page Facebook. Mardi 9 octobre, journée de grève à la SNCF, l’usager a partagé un post incendiaire, accompagnée d’une photo montrant la gare de Monaco noire de monde à l’arrivée d’un jumbo à 17h38.

Eric Sauri s’est insurgé ce mardi sur la taille des rames en circulation en heures de pointe. (Capture d’écran Facebook)

« Un TER de 900 places au lieu de 1800 places ? Mais que cherchent-ils les cerveaux de la SNCF Paca ? », tempête le « naufragé ». Le souci ne se limite pas aux jours de grève. Raphaël Dubaux prend le train tous les jours pour se rendre à Antibes. Cet ingénieur en informatique niçois ne compte plus les fois où il a dû monter dans un jumbo en pleine heure de pointe. « On s’attend à avoir une longue rame, c’est ce qui est prévu, mais quand on se retrouve avec un petit train, on se demande à quel point la SNCF ne fait pas exprès de nous pousser à bout », s’emporte le quadragénaire. Il poursuit : « quand je paye un service, je m’attends à un minimum de qualité. Est-ce que c’est normal de ne pas pouvoir monter dans son train plusieurs fois par mois ? »

Des difficultés d’organisation à cause de grèves

Contactée, la SNCF assure que la composition des trains – la capacité des TER – est respectée dans la quasi-totalité des cas. « Parfois, les longues rames sont en maintenance, ce qui nous oblige à faire circuler des jumbos aux heures de pointe », explique la société. Les mouvements de grève de cette année ont provoqué des retards dans la réparation du matériel. « Ils ont été rattrapés, ce qui ne peut pas empêcher un incident de survenir. » La SNCF tient également à se défendre sur un point : la localisation du centre de maintenance. Beaucoup critiquent le fait qu’il se trouve à Marseille, ce qui allongerait les délais d’entretien et de réparation des trains niçois. « Nous avons des centres et du matériel à Cannes et Nice, certes plus petits que celui de Marseille. » Un différence de taille qui empêche d’assurer la réparation de tout le matériel. Les opérations les plus importantes se font dans la cité phocéenne. D’ici 2021, un centre de maintenance régional devrait voir le jour à Saint Roch. Le projet, prévu initialement pour 2019, est sans cesse repoussé. Il permettrait un fonctionnement plus efficace du réseau. La ligne Vintimille Grasse est très fréquentée : en 2016, plus de 1,5 millions de passagers ont emprunté cet axe à Nice Riquier*. Il s’agit de la deuxième ligne la plus fréquentée en France.


Les usagers organisent des opérations coup de poing

Les habitués de la ligne Vintimille Grasse manifestent souvent leur mécontentement sur les réseaux sociaux et lors de rassemblements. En juillet dernier, les voyageurs ont même improvisé une opération coup de poing à Nice Riquier. Excédés de ne pas pouvoir monter dans les rames, des dizaines de passagers ont envahi et bloqué les voies. « La SNCF ne dispose pas du matériel nécessaire pour répondre à la demande des usagers qui veulent aller travailler », avait dénoncé Eric Sauri dans Nice-Matin.

*source : SNCF

Hélèna Sarracanie