Les 5 bonnes raisons d’imposer un nouveau congé paternité

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En France, le congé paternité ne prévoit que onze jours. Crédit : Pixabay

L’égalité homme-femme, un vrai casse-tête. Parité en politique, salaires équivalents en entreprise, écriture inclusive… Et si le meilleur moyen d’avancer, c’était de montrer aux nouvelles générations dès la naissance que papa et maman, c’est la même chose ? En cinq points, voici pourquoi il faut absolument réformer le congé paternité.

1️⃣ Parce qu’on fait un enfant à deux
« Les femmes portent l’enfant, elles ont l’instinct maternel… C’est normal que ça soit elles qui s’en occupent plus…» Non, non et non ! Il est temps de refuser cette idée et de responsabiliser les papas. Pourquoi ? Parce que les mamans ont besoin d’aide ! Dans sa BD Fallait demander, la blogueuse Emma dénonce la charge mentale qui pèse sur les mères. S’occuper du bébé qui pleure en étendant le linge avant qu’il se froisse, courir à la cuisine avant que la casserole ne déborde… Pour la dessinatrice, l’allongement du congé paternité va « Dans le sens de la répartition des rôles dans le foyers ». Si la loi obligeait aux hommes de prendre plus de jours après la naissance d’un enfant, les femmes auraient plus de temps pour souffler.

2️⃣ Parce que 11 jours, ce n’est pas assez !
Croyez le ou non, mais le congé paternité n’a été créé qu’en 2002 par Lionel Jospin. Depuis, en plus des trois jours de « congé de naissance », les hommes peuvent prendre onze jours indemnisés pour s’occuper de leur enfant… à peine ! Selon la psychologue pour enfant Catherine Pierrat, « Plus tôt commence la relation entre le père et le bébé, meilleure sera la qualité de celle-ci ». Onze jours pour se consacrer à son bébé et créer un lien, c’est dérisoire. Certes, les hommes n’ont pas cette fonction « nourricière » de donner le sein mais « ils ont comme rôle le jeu et la découverte », affirme-t-elle. « Ce n’est pas vrai que les enfants ne veulent naturellement que les bras de maman… si les deux parents passaient un temps égal avec eux, ils seraient tout autant attachés à leur papa », conclu la professionnelle.

3️⃣ C’est LA solution pour réduire les inégalités au travail
Les femmes sont dangereuses pour une entreprise : elles peuvent tomber enceinte à tout moment. Selon l’institut de sondage Odoxa, 21% des femmes ne déclarent pas leur grossesse à leur employeur pour éviter des pressions. CDD non reconduit, remplacement de poste, harcèlement moral… Pour Laurence Parisot, imposer un congé paternité est « la seule modalité qui ferait qu’en entreprise, le regard sur l’homme et sur la femme soit identique ». Sur le plateau de l’Emission politique (France 2), l’ex présidente du MEDEF explique que les femmes sont victimes de discriminations aussi bien à l’embauche qu’à l’évolution des carrières. Imaginez-vous un employeur demander à un futur salarié : « Est-ce-que votre femme est enceinte ? » ? Non, évidemment, la question ne se pose pas. Pourtant même si cela est interdit, un directeur d’entreprise sera plus réticent à engager une femme enceinte puisqu’il faudra financer son congé maternité et gérer son absence. Mais si les pères aussi, étaient obligés de s’arrêter après la naissance ? Les deux sexes seraient sur un pieds d’égalité.

4️⃣ Parce qu’une pétition a été lancée
Publiée fin octobre par le magasine Causette, elle réunit plus de 44 000 signatures. Une quarantaine de personnalités masculines se sont engagées. Julien Clerc, l’écrivain David Foenkinos ou encore le réalisateur Frédéric Beigbeder… Ils demandent tous « a minima, que les onze jours soient obligatoires » pour déculpabiliser les salariés face aux employeurs. La pétition réclame sinon « L’allongement du congé paternité à six semaines, indemnisé comme le congé maternité ». Ainsi, les pères pourront « partager les émotions et les tâches » qu’entraine une naissance. Et oui, les pères aussi ont le droit de vouloir profiter pleinement de l’arrivée du bout-de-chou. L’objectif est aussi de lutter contre cette tendance de laisser les femmes gérer entièrement l’entretien domestique.

5️⃣ Parce que d’autres pays le font déjà
Et les pays scandinaves sont les plus avancés ! En Suède (comme au Canada d’ailleurs), le couple bénéficie de douze mois à se répartir entre la mère et le père (dont deux mois obligatoires chacun). L’État finance l’arrêt à 80% du salaire pendant 390 jours. Sur Franceinfo, Alexandre explique : « C’est important au niveau du couple parce qu’on comprend mieux ce que c’est, de rester à la maison et de s’occuper d’un enfant avec toutes les tâches qui incombent ». Le jeune père a pris trois mois pour sa fille.
En Norvège, les deux parents ont l’obligation de prendre dix semaines minimum chacun et le père peut s’arrêter jusqu’à quatorze semaines payées intégralement. Et si en France aussi, on considérait que la naissance d’un bébé prime sur le travail ?

Émilie Moulin