Portrait – Nicole Passigli, tricoteuse aux mailles du cœur

0
2468
Dans son appartement à Fabron, Nicole Passigli tricote ses bonnets un peu tous les soirs. (Photo H. S)

Bénévole depuis un mois dans l’association les mailles du cœur, la Niçoise tricote des bonnets pour les sans-abris. En décembre, elle va faire la tournée de la ville pour distribuer des vêtements chauds.

Nicole Passigli domine la situation. Non pas qu’elle soit haut placé dans une quelconque hiérarchie, mais depuis son appartement sur les hauteurs de Nice elle dépasse toute la capitale azuréenne. Avec une vue splendide sur la baie des anges, l’auxiliaire de vie de 58 ans confectionne depuis un mois des bonnets en laine pour les sans-abris. « Je tricote déjà un peu de base, c’est juste un passe-temps », explique-t-elle. La femme ajoute que venir en aide aux SDF est une cause qui lui tient à cœur : « On ne peut pas être indifférent face à cela, je veux apporter ma petite part dans l’édifice ». Emmitouflée dans une écharpe rose pâle, assortie à sa veste, la Niçoise originaire de Douai, tricote des couvre-chef rose fushia. Une teinte proche du rouge, sa couleur fétiche, omniprésente dans son appartement. Les coussins, les fleurs, les cadres, les bibelots, tout ou presque est rouge. Un rouge coquelicot criard. Son logement est à son image, méticuleusement ordonné. Rien ne dépasse. Ses cheveux auburn coupés courts aident à donner cette impression de rigueur. Ce n’est pas pour rien que son amie, en vacances à Bali, lui confie la surveillance de son appartement azuréen. La Niçoise arrive à concilier son travail, qui lui prend beaucoup de temps, avec son engagement – et maintenant le logement de son amie. « Je tricote un peu tous les soirs, mais je dois dire que je fais ce qu’il y a de plus simple, mes bonnets n’ont aucune torsade », détaille la quinquagénaire.

Nicole Passigli ne se contente pas de fabriquer des vêtements chauds. Elle cherche aussi à « élargir la chaîne » en essayant d’inciter son entourage à agir auprès des mailles du cœur. « Je n’arrive pas toujours à les convaincre, même s’ils approuvent mon engagement », lâche la tricoteuse. Dès qu’elle trouve un vêtement chaud, elle n’hésite pas à le transmettre à Elodie Bistarelli, la créatrice de l’association. Etre au contact des autres, les aider, Nicole Passigli a bien l’habitude. Dans tous ses jobs, elle a été confrontée aux clients. « C’est sûr que je ne suis jamais enfermée », sourit-elle. De la restauration aux hypermarchés, en passant par l’aide à domicile pour les personnes âgées, la Niçoise n’a pas intérêt à être timide. Elle reconnaît aimer parler, y compris à des inconnus : « Pendant la distribution des vêtements les 16 et 17 décembre, j’espère pouvoir échanger avec les sans-abris ». Elle estime être patiente et calme. Diplomate aussi : « parfois c’est nécessaire. »  Elle a déjà un carton de bonnets, prêts à être distribués. Ce n’est pas la première fois que la quinquagénaire s’engage auprès d’une association. Il y a quarante ans, elle aidé à transporter des médicaments vers la Pologne, où elle a de la famille. Elle explique son rôle : « Il y avait une pénurie là-bas, j’ai pu faire acheminer les médicaments grâce au transport routier. » L’auxiliaire de vie est sereine dans ce qu’elle fait, le saut dans l’inconnu ne l’inquiète pas. Même si elle va aller au contact des SDF pour la première fois, elle « n’appréhende pas du tout ».

Hélèna Sarracanie