Des étudiants français au secours des femmes indiennes

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Un groupe de 12 étudiants de l’école d’ingénieurs INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Rennes mène un projet de solidarité internationale. Avec l’association Ins’India, ils partent construire des toilettes dans l’état du Bihar en Inde pour améliorer les conditions des femmes.

Ins’India

Dernière ligne droite pour ces huit filles et quatre garçons. Le 24 juin prochain, ils prendront le départ pour le village de Katorawa dans l’Etat, très pauvre, du Bihar (Nord- Est de l’Inde), pour mener à bien leur action pendant un mois : « nous avons décidé de construire des toilettes. Une personne sur deux n’a pas accès et il y a des problèmes d’hygiène », souligne Julie Sulmont, étudiante de troisième année. En avril dernier, ils ont repris les rênes d’Ins’India, une association de solidarité internationale, créée en 2014, par les étudiants de l’époque. Tous les ans, un projet est mis en place pour venir en aide à la population indienne. « Cette année, nous avons voulu faire quelque chose en rapport avec la condition des femmes parce que dans ce pays c’est très compliqué pour elles, explique Julie Sulmont, et là-bas, il y a un viol toutes les vingt-deux minutes », rappelle-t- elle. Ce sont deux toilettes, à l’indienne donc sèches, qui vont être construites pour réduire les problèmes sanitaires. En plus des bactéries des excréments, la rennaise rappelle que « la nuit les femmes parcourent des kilomètres pour faire leurs besoins. Les hommes le savent et les violent ».

« Un partage et un échange de culture »

Pour construire ces sanitaires, les étudiants ont demandé l’aide d’un architecte et d’ouvriers indiens. Ils travaillent également avec l’association « Gurukul », partenaire de

leur projet : « c’est un atelier-école du village où les jeunes femmes apprennent à lire, écrire et coudre ». En plus, de cette construction, ce voyage solidaire tient énormément à coeur à Julie Sulmont : « C’est un pays culturellement incroyable. Ce mois sera un moment de partage et un échange de culture ». Mais à quelques semaines du départ, la future ingénieure appréhende les conditions de vie : « je m’insurge très facilement et je vais devoir prendre du recul et ne pas juger ». Elle et son équipe, peuvent compter sur les étudiants qui ont fait le déplacement les années passées pour échanger sur cette expérience : « ils ont eu du mal à revenir à leur vie d’avant, ils avaient vécu des choses tellement différentes et parfois choquantes qu’ils ont mis du temps avant d’échanger avec nous sur ce voyage ». Et bien sûr pour le financer, les étudiants ont du se mobiliser depuis un an : « un budget de 6000 euros est nécessaire pour les toilettes, le déplacement et notre logement. Lors des soirées et évènements de notre école, on vend des paninis et on a lancé également une campagne de dons ».

« Être traités d’égal à égal »

Pour ces femmes, les menstruations sont un sujet extrêmement tabou et c’est l’une des motivations de la création de ces sanitaires : « en l’absence de toilettes, les filles qui ont leur règles peuvent manquer une semaine de cours et pour les Indiens c’est honteux », souligne Julie. Le groupe d’étudiants avait en tête de « faire une formation à l’hygiène sur les règles et qu’elles puissent coudre des serviettes hygiéniques » mais un problème se présente : « les bénévoles de l’association Gurukul sont des hommes et c’est donc impossible de leur demander que les femmes en cousent ». Julie souhaite qu’à leur arrivée « ils soient traités d’égal à égal et qu’ils se fondent dans la population mais surtout qu’ils ne soient pas pris pour des héros occidentaux ». Malgré la barrière de la langue, les étudiants espèrent qu’après des semaines à leurs côtés ils créeront un lien particulier avec ces femmes.

Léna Marjak

Lien pour la campagne de dons Ins’India : https://www.helloasso.com/associations/ins-

india/collectes/projet-ins-india-2019?fbclid=IwAR2EAa4F8gwqvX3Y3xbvoFmO3F6a4rX- AkLM6GLr3h_m2X7eiSamUFOwt-I