Dossier élection présidentielle: épisode 6. Tout savoir sur… Valérie Pécresse (Les Républicains)

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Valérie Pécresse, première candidate femme des Républicains à la présidentielle. ©Flickr

Depuis les débuts de la Ve République, la droite française présente au moins un candidat. UDR, RPR, UMP et désormais LR ont toujours été sur la ligne de départ. Cependant pour la première fois, le parti libéral-conservateur présente une femme, Valérie Pécresse.

2017 a marqué un véritable séisme dans l’histoire de la Ve République. Pour la première fois, le candidat gaulliste n’est pas présent au second tour de l’élection présidentielle. 5 ans plus tard le parti tente tant bien que mal de se reconstruire. Pris en tenaille sur sa droite par Eric Zemmour et sur sa gauche par Emmanuel Macron, Les Républicains ont investi Valérie Pécresse pour tenter de reconquérir un pouvoir, perdu il y a désormais 10 ans.

Son parcours

Valérie Pécresse-2 | Jacques Paquier | Flickr
Valérie Pécresse possède l’un des CV les plus impressionnants parmi les candidats. ©Flickr

Valérie Pécresse est née en 1967 en Ile-de-France. Issue d’une famille très pieuse, elle revendique pourtant son laïcisme. A 15 ans, elle apprend le russe sur un camp d’été des jeunesses communistes. Bachelière à 16 ans, elle rejoint une prépa économique puis l’école de commerce HEC avant de rejoindre l’ENA où elle finit deuxième de sa promotion.

Au niveau politique elle est recrutée en 1997 par Jacques Chirac, alors que l’équipe de Lionel Jospin (PS) lorgnait également sur elle. Elle sera d’abord députée avant de rejoindre le gouvernement de François Fillon en 2007 comme ministre de la Recherche puis du Budget (et porte-parole du gouvernement). Elle est à l’origine notamment de la loi d’autonomie des universités. En 2015, elle est élue présidente de la région Ile-de-France.

Son programme

Valérie Pécresse | Jacques Paquier | Flickr
Le programme de Valérie Pécresse est ancré dans le courant libéral conservateur. ©Flickr

Social :

  • Instaurer un délai de 5 ans sur le sol français pour que les étrangers puissent toucher des aides.
  • Instaurer une limite de 30% de logements « très sociaux » par ville.
  • Passer l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans.
  • Supprimer les 35 heures et passer aux 39 heures payées 39.
  • Verser 900 euros par an aux parents jusqu’à ce que leur enfant atteigne 18 ans.

Immigration :

  • Durcir les règles pour obtenir le droit du sol (aujourd’hui un enfant né sur le territoire français de parents étrangers peut recevoir la nationalité française à l’âge de 18 ans), en prenant en compte l’assimilation.
  • Faire voter des quotas annuels d’immigration.

Laïcité :

  • Interdire le port du voile pour les accompagnatrices scolaires.
  • Demander aux fonctionnaires de prêter serment sur la laïcité et les valeurs de la République.

Santé / Handicap :

  • Autoriser et développer les stages d’internes dans les hôpitaux privés.
  • Recruter 25.000 soignants sur le quinquennat.
  • Durcir le contrôle des entreprises sur l’emploi des personnes handicapées (obligation d’employer 6% de personnes handicapées pour les sociétés de plus de 20 employés).

Education :

  • Mettre un examen d’entrée à la fin de l’école primaire.
  • Créer 10.000 postes d’enseignants et surveillants.

Economie :

  • Augmenter de 10% les salaires jusqu’à 2.2 SMIC.
  • Supprimer 150.000 postes de fonctionnaires (en réalité elle veut en supprimer 200.000 et en créer 50.000 dans les domaines éduquer, protéger et soigner).
  • Réaliser 45 milliards euros d’économie par an.
  • Baisser la TVA sur les produits culturels, l’électricité, les logements sociaux et les protections d’hygiène féminine.

Sondages et historique de la droite à la présidentielle

Le score de Valérie Pécresse est sans doute celui qui a le plus fluctué de tous les candidats à la présidentielle. Et pour cause, jusqu’à sa désignation officielle en décembre, c’est Xavier Bertrand qui faisait figure de grand favori pour représenter LR à la présidentielle.

Après son succès au congrès, la présidente de la région Ile-de-France culmine à 20% dans un sondage début décembre. Elle est même donnée vainqueur contre Emmanuel Macron au second tour, ce qui n’a été réalisé par aucun candidat depuis 2017. Mais depuis le début de l’année 2022 ses sondages baissent continuellement. Initialement grande favorite pour la deuxième place, elle pourrait désormais être menacée par Eric Zemmour, Marine Le Pen et même Jean-Luc Mélenchon.

Historiquement le courant de la droite gaulliste pèse environ 20% de l’électorat au premier tour. Cela se constate en 1974, 1981, 1988, 2002 et 2017 (où François Fillon arrive à mobiliser malgré un contexte tendu autour de ses affaires judiciaires). Cependant trois élections ont vu des scores plus importants.

En 1995, la droite gaulliste envoie deux candidats à la présidentielle en la personne de Jacques Chirac (20.84%, tendance plutôt droite sociale) et Edouard Balladur (18.58%, droite libérale). Mais à cette époque la droite est ultra-majoritaire après 14 ans de mandat de François Mitterrand et l’UDF est absent de cette élection, soutenant en majorité Balladur.

En 2007, le traumatisme du 21 avril 2002 (où le PS est éliminé par le FN au premier tour) conduit à un phénomène de « vote utile ». De plus Nicolas Sarkozy, avec une campagne très à droite, phagocyte l’électorat FN (31% pour Sarkozy, 10% pour Le Pen).
En 2012, Sarkozy parvient encore à mobiliser une part de cet électorat populaire, qui faisait défaut à la droite, et culmine à 27% profitant de la débâcle de François Bayrou.

Valérie Pécresse pourra-t-elle mobiliser ces 20% ? Avec un tel étiage, la qualification au second tour paraît assurée. Mais son électorat est également dans le viseur d’Eric Zemmour et Emmanuel Macron. De quoi rendre la tâche de la candidate bien plus compliquée que prévue.

* Ce travail a fait l’objet d’une double vérification juridique et éditoriale par Enzo Bellini *

Hugo Romani