Les ports de Monaco pas si écolos

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Les éco-tanks permettent de récolter les eaux usées des yachts © Marion DORISON

Depuis 2011, la Société d’Exploitation des Ports de Monaco (SEPM) est certifiée « Ports Propres ». Cette certification montre une volonté de préserver l’environnement dans ces zones de la principauté. Mais la SEPM met-elle tout en œuvre pour le respecter ?

« Je ne vois pas grand-chose de fait à part les deux petites machines dans un coin du port », constate Fabio Calli, capitaine d’un bateau dans le Port Hercule. Les deux machines dont Fabio Calli parle, ce sont des DPOL. « Ils sont là pour collecter les macro-déchets et micro-déchets, surtout le plastique. Les robots sont alimentés électriquement et il y a un courant de surface généré par la pompe qui est sous le robot. Le courant va vers l’intérieur du sac pour aspirer tous les déchets jusqu’à 40/50 cm de profondeur », explique Jean-Christophe Soler, chargé environnement et sécurité de la Société d’Exploitation des Ports de Monaco (SEPM). Dans les filets, de nombreux déchets sont visibles. Cependant, ce n’est pas suffisant pour toute la surface du port. « Si on s’approche de l’eau, on voit très rapidement qu’il y a plein de déchets en surface », montre du doigt le capitaine. Ce dernier a raison. La zone autour des machines est relativement propre, sans déchets apparents. Cependant, près des bateaux, des morceaux de plastique ou autres détritus sont très rapidement visibles. « Au fond, c’est pire. Il y a énormément de déchets qui sont tombés. Ils font du cache-misère en nettoyant le dessus de l’eau », s’emporte Éric Handandian, gérant de l’entretien de certains bateaux. Pourtant, le chargé environnement de la SEPM est content des résultats de ces engins. « Le bilan est positif. On est quasiment à 400 litres de déchets par semaine. On réfléchit même à agrandir la flotte pour en mettre à d’autres endroits du Port Hercule et au Port de Fontvieille également. »

« Il n’y a pas assez de contrôles pour les eaux usées. »

À côté des deux DPOL, le port accueille également des éco-tanks. « C’est un partenaire pour collecter les eaux usées à bords des navires », précise Jean-Christophe Soler. Comme les DPOL, ces machines ne satisfont pas les Monégasques. « Il n’y a pas assez de contrôles. Tout le monde décharge les eaux noires (celles des toilettes), et les eaux grises (celles de la douche), dans le port. En été, ça sent mauvais si on s’approche trop des bateaux », se plaint Fabio Calli. Un peu plus loin, tout en nettoyant un bateau dont il a la charge, Éric Handandian appuie les propos de Fabio. « On voit quand les eaux noires sont jetées dans le port, car certains poissons remontent à la surface pour manger les excréments. » « Les eaux usées ne sont pas le seul problème. Il y a beaucoup de yachts aussi qui ont des fuites et perdent beaucoup d’huiles dans la mer. Il faudrait plus de contrôles », souligne le capitaine de bateau, en pointant du doigt une tache d’huile dans l’eau devant un des bateaux. De son côté, le gérant de bateaux est plus catégorique. « On nous fait chier pour utiliser des savons biodégradables quand on lave, par contre personne ne s’occupe de l’huile qui fuit et pollue la mer. »

La biodiversité tout de même protégée


Malgré le manque de moyens pour contrôler les déchets et la pollution de l’eau du port, la SEPM milite pour la protection de la biodiversité de ses ports. En collaboration avec la Direction des Affaires maritimes (DAM), et la Direction de l’Environnement (DE), des sortes de nurseries pour les jeunes poissons ont été installées dans les deux ports de Monaco. Appelées biohut, « ce sont des cages en acier remplies de coquilles d’huîtres. Elles permettent de nourrir les poissons et les protéger des prédateurs », affirme Jean-Christophe Soler. « C’est bien qu’ils mettent en place ce genre de projet. Surtout pour un port avec la certification Ports Propres », s’enthousiasme Romain Pestonni, travailleur au Port Hercule. Au total, les deux ports ont accueilli 79 nouvelles biohuts en février dernier.

Marion Dorison