La Métropole Aix-Marseille reste en alerte maximale face à la pandémie de coronavirus. Les bars et salles de sport restent fermés pour deux semaines supplémentaires. Même sentence à Nice, où les professionnels se montrent aussi inquiets… et s’organisent déjà pour le futur.
D’abord, l’espoir. À la vue de la clôture légèrement entrouverte du club Basic Fit, rue Maréchal Joffre à Nice. Puis, la désillusion. Malgré une matinée déjà bien entamée, aucune tête ne pointe au-dessus des vélos elliptiques exposés à la fenêtre. Seule la femme de ménage, armée de gants et d’une boîte de lingettes, s’affaire encore entre les machines. La forte odeur d’antiseptique venue nous prendre à la gorge ne fait que le confirmer : ici, même après une semaine de fermeture forcée, on ne plaisante pas avec les mesures d’hygiène. « Cela a toujours été un point important, même avant la crise », confirme Maxime*, l’un des coaches sportifs de la salle. « Et puis, ce sera forcément l’un des premiers critères sur lesquels nous serons jugés pour la réouverture ». Un événement attendu par toute la profession, alors que le préfet des Bouches-du-Rhône a annoncé, le 11 octobre au soir, que les mesures se poursuivraient au moins jusqu’au 27 octobre au sein de la Métropole Aix-Marseille. Du côté des Alpes-Maritimes, la décision est attendue dans le courant de la semaine. Sans grand enthousiasme. « Je ne suis pas très optimiste », révèle Maxime. « Nous avons déjà prouvé qu’aucun cluster n’avait été signalé dans les salles, et même que la pratique du sport était bénéfique. Pourtant, cela n’a pas empêché les autorités de nous faire fermer ». D’un geste dépité, il désigne les bandes de scotch accrochées au sol, chargées de faire respecter la distanciation sociale pendant l’entraînement. « Nous ne sommes pas le club le plus fréquenté de Nice mais ici, tout le monde a bien respecté les règles », relance-t-il. « Les gens étaient prêts à faire des efforts pour continuer à pratiquer. Tout ce que j’espère, c’est que ce procès injuste fait aux salles de sport ne va pas les effrayer et les éloigner… »
Des aménagements partis pour durer ?
Mais tout n’est pas si noir. Faute d’haltères et de bancs à disposition, c’est à quelques rues du Basic Fit que Maxime retrouve ses nouveaux « élèves ». Plus exactement, au jardin Alsace-Lorraine. Bien loin du silence assourdissant d’une salle déserte. Ici, les oiseaux chantent. Les feuilles bruissent. Les enfants du parc s’égosillent. Autre salle, même ambiance ? Pas exactement. « C’est différent », témoigne Aline Després, habituée de la salle de fitness. « Mais c’est important de continuer à bouger et à faire du sport. Et puis, cela me permet de voir mes amies ! ». En effet, ils sont une dizaine de retraités, hommes ou femmes, chacun séparés par un plot, à suivre en rythme la chorégraphie dictée par leur coach particulier. « Descends plus, Aline. Plus bas ! », la reprend d’ailleurs celui-ci après quelques secondes. Pendant un instant, on se serait presque cru de retour entre quatre murs. Presque… « Ce n’est pas l’idéal », souffle Maxime. « Mais il y a malgré tout une belle demande. Cela avait déjà été le cas lors du déconfinement. Les gens ont besoin de cela, comme les professionnels. Actuellement, tous mes collègues se retrouvent au chômage partiel. Et le pire, c’est de ne pas savoir pour combien de temps… ». Pour changer cela, c’est tout le monde du sport qui monte au créneau. Alors que le syndicat France Active a d’ores et déjà saisi la justice et le Conseil d’État, une tribune a été relayée par le Journal du Dimanche du 11 octobre, dans laquelle 90 dirigeants, médecins et sportifs (parmi lesquels Zinédine Zidane, Stéphane Diagana et Marie-Amélie le Fur) réclament la réouverture des établissements et associations sportives. En France, le secteur représente un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros par an, pour 35 000 emplois.
*Par souci d’anonymat, le prénom a été volontairement modifié