Le logement avant la nourriture, les seniors font des choix 

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Certains retraités, comme Jean, se considèrent à l'aise financièrement. Crédit : Tessa Biscarrat

Contexte inflationniste, retraites basses, certains seniors finissent les mois sans rien. À Nice, la précarité est bel et bien présente, et la prochaine revalorisation des retraites du privé prévue le 1ᵉʳ novembre ne changera pas leur situation. 

« C’est royal mamie quand on mange chez toi ». Derrière cette phrase anodine se cache une honte. Avoir travaillé toute sa vie mais se retrouver dans la file d’attente du Secours populaire le mardi matin, c’est « un peu comme une atteinte à la dignité pour certains ». Catherine* demande exceptionnellement aux bénévoles de lui donner un peu plus de steak haché. Ses petits-enfants mangent chez elles le mercredi et ne connaissent en rien la situation de leur aïeule. « Je veux juste leur faire plaisir comme une grand-mère normale ». Elle prend sa portion de viande, ferme son sac et rentre ranger ses courses comme une mamie « normale ». 

Hadjira Bendjedou le voit quotidiennement, « les seniors apparaissent de plus en plus les matins de distribution ». Chargée de la branche personne isolée au Secours populaire à Nice, elle explique que « les personnes âgées ont peur de se retrouver à la rue », qu’elles soient en couple ou célibataires. Les retraités versent donc la grande majorité de leur revenu dans le loyer en priorité et finissent les mois dans la précarité, « ils représentent 37% de nos bénéficiaires ». « Moi, ça me désole de voir tous ces anciens qui ont travaillé toute leur vie et qui peuvent à peine vivre », dit Hadjira Bendjedou. 

« Pour quelques euros, il vaut mieux rien nous donner » 

Le gouvernement l’a annoncé dès le premier novembre, les retraites du privé, dites complémentaire, seront réévaluées avec plus 4,9 % soit 25 euros en moyenne en plus par mois, pourtant cette annonce n’enchante pas vraiment les premiers concernés. « Les mois sont compliqués », annonce Geneviève, elle ferme ses mots croisés et continue : « Ce n’est pas avec quelques euros en plus que ça va s’arranger ». La retraite, elle en profite grâce aux petits plaisirs accessibles financièrement, comme un banc au soleil « ça ne coûte rien ». Quelques bancs plus loin, Michel, 83 ans, a été actif du plus tôt au plus tard possible, et s’insurge : « Pour quelques euros, il vaut mieux rien nous donner ». À deux, avec son épouse, ils gagnent 1 300 euros par mois, il explique qu’« après le loyer et les charges, pour manger, il faut se restreindre un petit peu ».


Pourquoi le privé seulement ? 

En France, il y a deux retraites différentes, celle dite de base et celle dite complémentaire. L’une est assurée par la sécurité sociale et dépend des trimestres achevés dans votre carrière pour avoir un taux plein. L’autre est une retraite privée pour laquelle il faut cotiser chaque mois pendant votre activité. Au premier novembre, ce sera la complémentaire qui augmentera parce que les partenaires sociaux de Agirc-Arcco et les patronats se sont mis d’accord sur une augmentation de 4,9%. 


Tessa Biscarrat